Ce blog est celui de l'émission radiophonique Culture Prohibée. Produite et animée par les équipes des Films de la Gorgone et de Radio Graf'Hit, elle vous invite, chaque semaine, à découvrir divers aspects de la contre-culture à travers des émissions thématiques (le mouvement beatnik, le polar, la presse cinéma, le rock alternatif, le giallo, etc.) et des rencontres passion-nantes (interviews de Dario Argento, Bertrand Tavernier, Philippe Nahon, Costa-Gavras, etc.). Culture Prohibée est une émission hebdomadaire d'une heure diffusée le mardi à 17H sur les ondes de Radio Graf'Hit (rediffusions le samedi à 10H et le dimanche à 23H). L'émission est également diffusée sur d'autres antennes : Radio Active 100 FM à Toulon, Radio Ballade à Espéraza, Booster FM à Toulouse, C'rock Radio à Vienne, Radio Valois Multien à Crépy en Valois , Résonance à Bourges et Radio Panik à Bruxelles.
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lundi 24 juin 2013

Les Boucheries Bernard présentent : La Guerre Des Gangs !!!

Un film réalisé par Lucio Fulci en 1980, avec Fabio Testi, Marcel Bozuffi, Guido Alberti, Ajita Wilson ; disponible en VHS chez Scherzo Vidéo et depuis le 12 juin 2013 en double-DVD Z2 chez The ecstasy of films, achetez le ici !



Les frères Di Angelo, Micky (Enrico Maisto) et Lucas (Fabio Testi), coulaient des jours paisibles de trafiquants napolitains avant d’être trahis et de perdre une importante cargaison de cigarettes de contrebande. Ils soupçonnent alors un certain Scherino (Ferdinando Murolo), ce qu’ils révèlent à un individu peu recommandable au premier abord : Luigi Perlante. Ce dernier est un roquet qui cumule les casquettes de trafiquant et de proxénète. Puis, Micky est trucidé lors d’une embuscade, Lucas jure de le venger. Magnifié par une photographie de Sergio Salvati granuleuse et sombre, telle que les affectionne le metteur en scène, les funérailles grandioses de Micky réunissent toutes les mauvaises graines de la pègre napolitaine. L’un des truands présents donne rendez-vous à Lucas dans une carrière de souffre, lieu hautement symbolique, afin de lui révéler l’identité de l’assassin de son frère…


C’est à ce moment que le récit s’emballe, on retrouve le Lucio Fulci (1927-1996) maestro de l'horreur, ses obsessions macabres reviennent au premier plan. L’indic de Lucas est assassiné par un tireur invisible, caché dans le décorum funèbre de cette carrière aux vapeurs méphitiques. Le tueur est à son tour massacré, brûlé vif par un Fabio Testi vengeur et furibard. La scène suivante est, elle aussi, hallucinante de violence, le spectateur se prenant un cadavre carbonisé « sauce Fulci » sur la figure. Le pauvre corps mutilé dégringole à travers la verrière du plafond de la villa de Scherino. Puis Lucas se bat contre l’assassin présumé de son frère, il perd et se fait méchamment torturer par Scherino qui en profite pour plaider son innocence (un film de fous furieux !). Lucas est finalement relâché, son visage n’est plus qu’une immense plaie tuméfiée. Après avoir pansé ses blessures, Lucas retrouve l’un des complices du véritable assassin de son frère. Il torture le pauvre bougre avec un crochet de pêche en lui faisant des gros trous dans la poitrine. Cette scène évoque immanquablement le « piercing » à l’étoile de shérif qu’exécute Tomas Millian dans cette merveille de western crépusculaire tourné en 1976 : Les 4 De L’Apocalypse du même Fulci. Inutile de préciser que cette méthode est idéale pour des aveux rapides !


C’est à ce moment que l’on fait la connaissance du personnage le plus odieux du film, le marseillais, secondé par ses deux fidèles complices, le sadisme et la méchanceté. Il est incarné par le français Marcel Bozuffi. Ça commence d’ailleurs très fort, on assiste à un deal de drogue avec une jeune passeuse allemande prénommée Ingrid. Détail amusant : cette dernière planque ses échantillons de coke dans un endroit de son corps que la morale catholique réprouve. Tout se déroule comme prévu mais le marseillais suspecte une trahison, il ne lui en faut pas moins pour dégainer un chalumeau et brûler vif le joli minois de la jeune fille. La scène est longue, filmée avec une réjouissante complaisance (gros plan, hurlement et maquillages plutôt réalistes), une excellente manière de nous dévoiler la personnalité psychopathique du marseillais, et ce n’est qu’un hors d’œuvre comparé aux sévices à venir. Ce sinistre personnage n’est autre que l’allié du « gros » traître de cette pelloche : Perlante. Ce dernier complote pour faire main basse sur l’ensemble du trafic de contrebande napolitain.


L’intrigue va alors se simplifier au fur et à mesure que les protagonistes disparaissent ensevelis sous des tonnes de bidoche saignante. Ce n’est plus un polar mais un abattoir, les caïds sont assassinés un à un dans une débauche de crânes, gorges et bides explosés. Les impacts de balle, monstrueusement disproportionnés, donnent lieu à un véritable feu d’artifice d’effets gores. Le paroxysme de toute cette folie criminelle est atteint lors d’une scène de viol parmi les plus abjectes de l’histoire du septième art. Le marseillais a enlevé la femme de Lucas pour le faire chanter. Comme Lucas ne cède pas, il lui fait « profiter », par téléphone interposé, des horreurs qu’il inflige à la malheureuse. Cette brute épaisse et répugnante nous révèle ici une autre facette de son sadisme sans limite. Fulci nous retourne les nerfs avec un sens du malsain indéniable, il étire la scène jusqu’à l’insupportable et fait naître un malaise intolérable même chez le cinéphage le plus blasé. Puis c’est le massacre lors d’un gunfight final atrocement barbare… et Fulci de laisser le spectateur pantois, sur les rotules, en terminant son film sur une pirouette imprévisible (bien que savamment préparée depuis le début) !!!


Par sa violence graphique assumée jusque dans ses extrêmes, La Guerre Des Gangs est un des polars italiens les plus barbares jamais tournés au pays d’Antonioni, un régal pour les amateurs de films Bis. Quant aux cinéphiles plus délicats, ceux que ce genre de spectacle répugne, ils peuvent toujours essayer d’exorciser leurs pulsions les plus inavouables avec, par exemple, le dernier Jan Kounen (bonne chance).
Johannes Roger


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