Ce blog est celui de l'émission radiophonique Culture Prohibée. Produite et animée par les équipes des Films de la Gorgone et de Radio Graf'Hit, elle vous invite, chaque semaine, à découvrir divers aspects de la contre-culture à travers des émissions thématiques (le mouvement beatnik, le polar, la presse cinéma, le rock alternatif, le giallo, etc.) et des rencontres passion-nantes (interviews de Dario Argento, Bertrand Tavernier, Philippe Nahon, Costa-Gavras, etc.). Culture Prohibée est une émission hebdomadaire d'une heure diffusée le mardi à 17H sur les ondes de Radio Graf'Hit (rediffusions le samedi à 10H et le dimanche à 23H). L'émission est également diffusée sur d'autres antennes : Radio Active 100 FM à Toulon, Radio Ballade à Espéraza, Booster FM à Toulouse, C'rock Radio à Vienne, Radio Valois Multien à Crépy en Valois , Résonance à Bourges et Radio Panik à Bruxelles.
Ce blog constitue un complément à l'émission en vous proposant des interviews inédites, des prolongements aux sujets traités à l'antenne ainsi qu'un retour détaillé sur les sorties DVD et bouquins que nous abordons "radiophoniquement". Autre particularités du blog, vous fournir le sommaire détaillée ainsi que la playlist de chaque émission. Pour plus d'infos, vous pouvez vous connecter sur le FB de l'émission en cliquant ici.
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jeudi 16 janvier 2025

Rencontre avec Daniel Barrier, réalisateur d'un film hommage à Norbert Moutier : Ogroff Résurrection

C'est après une rude journée de tournage de son film dédié au regretté Norbert Moutier que notre ami Antoine Cervero a rencontré Daniel Barrier. Pour rappel, Norbert Moutier était le fondateur du mythique fanzine Monster Bis, romancier à ses heures perdues et réalisateur de quelques films bis dont le cultissime Ogroff (Mad Mutilator - 1983), premier slasher de l'histoire du cinéma français.

Antoine Cervero/Culture Prohibée : Alors, et cette journée de tournage, Daniel ?
Daniel Barrier : Très fun, on a tourné des plans raccords et  gros plans gore.

Culture Prohibée : C'est depuis l'enfance que vous aimez le Cinéma, la vidéo, le Z, le Bis ? Le cinéma  populaire et autre ?
Daniel Barrier : Alors oui, bien sûr, à mon époque, il n’y avait pas de VHS, juste la télévision et la salle de ciné ! Mon tout premier film ? Trinita, au ciné. Dès l'arrivée de la VHS, j'ai dévoré les films d'horreur italiens (D'Amato, Lenzi, etc.), les films de kung fu, en particulier la Bruceploitation et les classiques US tels que Massacre à la Tronçonneuse, Zombie, etc. J'ai toujours été attiré par l'aspect vintage des films des 70's, encore aujourd'hui. Plus tard, j'ai commencé à apprécier les films dit "classiques" comme ceux de Kubrick, Spielberg, etc. Massacre à la Tronçonneuse, en 1974 est la matrice, pour ma part ! Il y a aussi Evil Dead en 1981, Ogroff, bien sûr, de Norbert Moutier, Bad Taste de Peter Jackson, et tant d'autres si on parle d'horreur…

Culture Prohibée : Vous connaissiez Norbert Moutier ?
Daniel Barrier : Je ne l'ai jamais rencontré, hélas. Pour ces films, tout est parti d'une photo de Ogroff qui m'a fait fantasmer. J'ai pu voir Ogroff en VHS quelques temps après, puis Opération Las Vegas et quelques autres tournés en vidéo. J'ai une affection particulière  pour ces films tournés en pellicule. Je me souviens d’une page de Mad Movies et des articles sur le festival du Super 8. A cette époque, je tournais déjà mes propres films en super 8. Bien sûr, le 16 et le 35 mm représentent le Graal, mais tant qu'il y à du grain : j'adore ! Mes premiers courts en super 8 étaient inspirés fortement par Texas Chainsaw, Vendredi 13, Halloween, avec des scènes gores, genre « tripes du boucher » (rires). J'ai massacré tous mes camarades de classe de l'époque !
Culture Prohibée : En somme, on pourrait parler d'une pulsion tournée vers votre univers initial teinté d'horreur et de fantastique, d’une envie de raconter des histoires...
Daniel Barrier : Alors, ce qui m’a motivé, c'est plutôt l'envie de raconter une histoire, ou plutôt de décrire  une ambiance. Et quoi de mieux que l'horreur pour installer une atmosphère ? Car au départ, avant ma première caméra, je faisais de la BD, dans le style Fluide Glacial, mais la caméra c'était l'étape au-dessus… A un moment, j'avais pas mal de matos pour le Super 8 et je tournais beaucoup mais c'était souvent inachevé.
Culture Prohibée : D'où l'idée de reprendre le principe d'Ogroff ?
Daniel Barrier : C'est exactement ça. J'ai constamment de nouvelles idées ! Cela peut sembler cool mais, en même temps, c'est mon plus gros problème ! Encore aujourd'hui, je suis obligé de freiner. La reprise d'Ogroff, c'était un hasard. Bien sûr, j'adorais cet OVNI depuis ma jeunesse, mais il y a quelques mois, je me suis mis dans la tête de tourner à nouveau en Super 8. Après m'être renseigné, il s’avère que c'est encore possible mais c'est devenu extrêmement cher... J'ai décidé de faire un court-métrage de 5 minutes et j'ai pensé à Ogroff, qui lui était tourné en super 8.

Culture Prohibée : Ah, le super 8 existe encore alors ? Je ne le savais pas...
Daniel Barrier : Oui, et c'est même très à la mode chez certains artistes allemands, UK et US ! Donc, j'ai déjà tourné 2 minutes en super 8 et je prévois de tourner encore 5 minutes dans les semaines à venir.

Culture Prohibée : Mais Ogroff est donc surtout, comment dire, un hommage que vous vouliez faire parce que le personnage vous plaisait ?
Daniel Barrier : J'adore ce personnage et malgré la maladresse, compréhensible, du film original, je lui trouvais un potentiel d'enfer ! Je me suis dis : « Et si Norbert Moutier avait connu la technologie d'aujourd'hui qu'aurait-il fait ? » Il faut savoir que mon film est tourné en numérique avec reflex Canon, mais j'ai opté pour un look argentique et un grain prononcé, ainsi que le format 4/3.

Culture Prohibée : C'est une "charmante" idée qui fera certainement plaisir aux fans de Norbert Moutier...
Daniel Barrier : Oui, il y à des scènes avec Ogroff plus jeune, mais c'est le même acteur qui joue le rôle à 99 %. Par contre, c'est vrai, il y a une scène intrigante où l'on voit deux Ogroff l'un contre l'autre. C'est en fait un cauchemar qui fait allusion à sa schizophrénie présumée ! D'ailleurs, cette scène du cauchemar est tourné en super 8, elle sera aussi montée en court-métrage autonome pour d'éventuels festivals.

Culture Prohibée : Le film est-il achevé ?
Daniel Barrier : Je peux dire qu’il y a 85% de terminé. J'ai quasiment fini toutes les scènes de meurtres impliquant Ogroff. Les semaines à venir, nous allons tourner les séquences de dialogues, qui ne sont pas trop nombreuses mais utiles. Je tourne uniquement les week-ends, quand tout le monde est dispo.
J'ai démarré Ogroff en Septembre 2024 mais, juste avant, j'ai tourné un film de kung-fu, un Bruceploitation plus exactement. Là, il est sur mon disque dur et il attend que je le monte. C'est plutôt difficile à monter et mixer au niveau du son. Ogroff est plus facile à produire. Il est plus linéaire.
J'ai deux potes qui sont dans tous mes films et qui sont partant pour tourner tout ce qui me passe par la tête. Ils ne sont pas fans comme moi mais ils sont très  ouverts. Si tout va bien, parmi mes acteurs, j'aurais des personnalités non amateures qui joueront dans Ogroff . Si Vous voulez un scoop, il y aura Patrick Malakian, le fils d’Henri Verneuil, qui a accepté par amitié avec l'un des autres interprètes du film. Il y aura aussi une ancienne actrice X, Sonia Carrere. Et après, j'ai plein de connaissances qui tournent dans mes projets selon leurs disponibilités. C'est le même principe qu'à l'époque où j'avais 14 ans ans et faisais mes premiers films.
Mes films précédents sont tournés en anglais car j'ai la chance de très bien parler cette langue. Seul Ogroff est tourné en français, mais je compte bien enregistrer une version anglaise. Le titre français sera Quelque part dans les bois et la version anglaise s'appellera Lumberjack.
Je n'ai pas d'ambition commerciale pour mes films. J'adore juste tourner ce qu'il me plaît. Mais si, d'aventure, Ogroff vient à intéresser des petits distributeurs vidéo, j'ai une grosse interrogation : est-ce que le nom Ogroff est copyrighté ? Si oui, que faire ? Changer son nom ? Peut-être enlever un F à Ogroff ?
Concernant le personnage Ogroff, mon rêve est de le mettre en scène dans un autre film entièrement en super 8. Je pense faire une campagne de crowdfunding pour ça, car la facture est salée : 17.000  euros pour un film de 01h20. En attendant, j'aurai quand même tourné un Ogroff !

Entretien réalisé le 9 décembre 2024 par Antoine Cervero

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