Venu au monde lors d'une année révolutionnaire, Yam Warpaint lacère, triture, assemble la matière cinéphilique à travers un titanesque labeur. Pour vous en convaincre, il vous suffit d'admirer le travail de l'artiste reproduit via des photos issues du site Art Majeur (https://www.artmajeur.com/yam-warpaint) sur lequel vous pouvez acquérir quelques-unes de ses créations. Notre ami Antoine Cervero est allé à sa rencontre...
Culture Prohibée : Quelle est la signification de ton nom d'artiste ?
Yam Warpaint : Je faisais du dessin, un fanzine BD, et il y avait un bar en ville à Istres où les pilotes de la base aérienne se réunissaient. C'est eux qui, sachant que je dessinais, m'ont demandé des peintures sur leurs cuirs. Je me suis mis à la peinture comme ça. Puis après je suis allé dans le milieu de la Harley. J'ai travaillé en vidéo pour Johnny Hallyday. Ce milieu aussi est très amateur de peintures sur cuir. Le terme Warpaint correspond à ce style d'exercice : peinture sur le cuir.
CP : Etais-tu un enfant rêveur, attiré par les arts graphiques ?
YW : J'avais toujours la tête dans les nuages... puis il y a eu les crayons, les livres, les BD, le rock, le cinéma, je parle du cinéma en tant que lieu, la salle, les fauteuils rouges, l'ouvreuse et La Dernière séance d'Eddy Mitchell...
CP : Tout un univers qui a fait que tu t'es tourné vers les arts graphiques naturellement...
YW : Je suis né à Albi, dans le Tarn. Mais très jeune, je suis parti dans le Sud, je suis marseillais de coeur. Et depuis tout petit, j'ai fait des BD, puis un fanzine et des photos de mes jouets Star Wars. Et enfin, j'ai découvert la caméra Super 8 d'un tonton. A 13 ans, j'ai écrit un épisode d'Indiana Jones.
CP : As-tu gardé des traces de tes créations ?
YW : Oui, j'ai des documents. J'étais très inspiré par Métal Hurlant et Frank Margerin, qui m'a servi de guide.
CP : Comment t'est venue cette idée très intéressante de métamorphoser des affiches via la lacération ? Peux-tu nous expliquer ta démarche qui peut rappeler celles des surréalistes et leurs collages ?
YW : J'aime Dali et les génériques de Saul Bass, mais je ne sais pas si ça répond vraiment à ta question. Aimant la peinture, le graphisme, les affiches, j'en collectionne un peu puis je maperçois que les affiches de Blade Runner et du Faucon maltais sont les mêmes. Je découvre également les collagistes, terme qui désigne les artistes qui utilisent ce principe du collage de bandes déchirées à dessein.
CP : Donc, tu as distingué comme des liens entre certaines oeuvres. C'est comme si tu faisais des mélanges de créations graphiques à partir du principe du collage... avec de la colle à papier peint !
YM : Oui, c'est le principe du collagiste. Il y à toujours eu une connexion cinéphage dans les tableaux. Je peux te citer quelque uns de ces collagistes, à savoir Jacques Villeglé, Mimmo Rotella... je suis un peu débutant, par rapport aux autres artistes collagistes, je me sens un peu à part. Rotella est le plus proche de moi car il est un peu Street Art.
CP : Tu exposes de plus en plus...
YW : Oui, ça vient petit à petit. Je débute. J'ai des personnes qui suivent mon "taf" mais ce n'est pas facile d'avoir des ouvertures dans des galeries. Je te suggère de lire ma bio sur le site Art Majeur. J'ai aussi exposé mon affiche du Joker dans le métro de Barcelone. J'ai un projet à Marseille et un autre dans les rues de Rome.
CP : J'adore ton Joker. En voyant tes oeuvres on ne peut s'empêcher de penser à des manifestes politiques, comme si tes créations interpellaient le public ?
YW : Oui, je questionne à travers le mélange des affiches. Le Joker est une histoire de clown triste, alors je glisse des images de Charlie Chaplin, un déchirement d'affiches qui va raconter une histoire d'amour en 24 affiches...
CP : Superbe création, idem pour l'hommage à Alain Delon, franchement, c'est sublime.
YW : C'était bizarre. J'ai commencé le tableau deux jours avant sa disparition. J'ai aussi fait des affiches pour des festivals de cinéma, des albums de rockabilly...
CP : Les idées te viennent facilement ?
YW :J'ai les tiroirs plein pour deux ou trois vies : scénarios, BD, films, dessins !
CP : Comment tu fonctionnes, c'est toi forcément qui démarche ? Les portes s'ouvrent facilement ? Comment ça se passe ?
YW : Je fabrique, mais je ne connais pas bien le milieu des galeries. Alors, il faut faire le commercial, c'est un peu galère, d'autant que je n'ai pas beaucoup de tableaux.
CP : Ce qu'il y à de bien : il n'y à pas de royalties à payer puisque ce sont des affiches déchirées. Par contre, ça doit te coûter une fortune en affiches...
YW : Je n'ai pas encore de retour sur des droits à l'image, mais comme je déforme... ça n'est qu'un support, comme pouvait le faire Andy Warhol avec Marylin Monroe.
CP : On peut parler de patchwork ? Même si la nuance avec le collage me semble floue...
YW : Je suis comme toi, je ne connais pas la nuance.
CP : Y a-t-il des lithographies de tes créations ?
YW : Oui, sur les conseils de galeristes, j'ai fait édité des cartes postales, posters... ça paye le diesel pour amener les tableaux à droite, à gauche !
CP :Tu as un agent qui t'aide à gérer tout cela ?
YW : Je gère tout seul. Je vends quelques toiles pour m'acheter du matériel pour la suivante. C'est mon métier de cinéaste qui paye mes factures pour l'instant.N'hésite pas à faire un tour sur ma chaine Viméo Wild Cat Studio Creatif (https://vimeo.com/wildcatstudio). Sinon, c'est cool de t'avoir rencontré, merci à toi et à Eddy Mitchell pour sa Dernière Séance ainsi qu'à Starfix pour avoir été mon école de cinéma.
Propos recueillis le 8 février 2025 par Antoine Cervero
Ce blog est celui de l'émission radiophonique Culture Prohibée. Produite et animée par les équipes des Films de la Gorgone et de Radio Graf'Hit, elle vous invite, chaque semaine, à découvrir divers aspects de la contre-culture à travers des émissions thématiques (le mouvement beatnik, le polar, la presse cinéma, le rock alternatif, le giallo, etc.) et des rencontres passion-nantes (interviews de Dario Argento, Bertrand Tavernier, Philippe Nahon, Costa-Gavras, etc.). Culture Prohibée est une émission hebdomadaire d'une heure diffusée le mardi à 17H sur les ondes de Radio Graf'Hit (rediffusions le samedi à 10H et le dimanche à 23H). L'émission est également diffusée sur d'autres antennes : Radio Active 100 FM à Toulon, Radio Ballade à Espéraza, Booster FM à Toulouse, C'rock Radio à Vienne, Radio Valois Multien à Crépy en Valois , Résonance à Bourges et Radio Panik à Bruxelles.
Ce blog constitue un complément à l'émission en vous proposant des interviews inédites, des prolongements aux sujets traités à l'antenne ainsi qu'un retour détaillé sur les sorties DVD et bouquins que nous abordons "radiophoniquement". Autre particularités du blog, vous fournir le sommaire détaillée ainsi que la playlist de chaque émission. Pour plus d'infos, vous pouvez vous connecter sur le FB de l'émission en cliquant ici. Vous pouvez écouter et télécharger l'émission sur le site des Films De La Gorgone.
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