samedi 31 août 2019

De nouveaux westerns arrivent au triple galop dans notre boutique !


Les Films de la Gorgone, qui coproduisent Culture Prohibée, ont une petite boutique en ligne qui vient de recevoir, dans ses stocks, quelques nouveautés.
Au programme, deux nouveaux westerns italiens édités par Artus Films en combo BR/DVD, le premier, Furie au Missouri (Alfonso Brescia - 1967), met en vedette Peter Lee Lawrence. Il campe Josh, un mercenaire sudiste qui veut venger son frère tué par un nordiste. Viva Django (Edoardo Mulargia - 1971) est un film avec Anthony Steffen. Il est un Django cherchant les assassins violeurs de sa femme. Présentée sous forme de Mediabook, avec un livre consacré à Anthony Steffen, l'édition est superbe.
Tout cela est disponible dans la boutique des Films de la Gorgone, pour faire vos achats cliquez sur le lien suivant : http://www.lesfilmsdelagorgone.fr/topic2/index.html.

Dans Culture Prohibée cette semaine : Emission spéciale Once Upon a Time... in Hollywood


Retrouvez cette semaine Culture Prohibée sur les antennes de nos radios partenaires (cf. liens ci-contre dans la rubrique "Nous écouter sur votre poste de radio").
Au programme de votre émission préférée consacrée à l'actualité de la culture pas nette du ciboulot, une spéciale Once Upon a Time... in Hollywood, le sommaire :


-Débat sur Once Upon a Time... in Hollywood de Quentin Tarantino, un film qui fait l'événement et divise notre rédaction ;
-Evocation de Inglourious Basterds de Quentin Tarantino par David Roche publié chez Vendémiaire dans la Collection Contrechamp.


Playlist de l'émission :
-Générique d'après DJ No Breakfast remixé par Léo Magnien (notre flamboyant ingénieur du son);
-Divers extraits de la B.O. de Once Upon a Time... in Hollywood (divers).

mardi 27 août 2019

Retour en studio


Bonne nouvelle, chères auditrices et auditeurs, nous sommes de retour et enregistrons des émissions sous peu ! Pour info, afin de vous faire quelque peu saliver, John Landis et Fred Williamson seront de la partie. Comme nous sommes généreux, il y aura, durant ces premiers épisodes, quelques cadeaux à gagner, soyez attentifs. La réouverture des hostilités est prévue pour le mardi 3 septembre à 17H sur l'antenne de Graf'Hit avec une émission dont nous vous révélerons le sommaire d'ici quelques jours.

mardi 20 août 2019

Le bon son de l'amiral : Wild Style


Wild Style est le premier film de l'histoire du cinématographe sur le hip-hop, c’est aussi le meilleur. Jamais l'esprit du mouvement n'a été si bien retranscrit. Ce docu-fiction de Charlie Ahearn raconte le quotidien du graffiti artiste Zoro (rôle tenu par Lee Quinones, graffeur de renom) dans la ville de New York, au début des années 80. A l'écoute de la bande originale de ce film nous sommes transportés à l'époque des premières soirées hip-hop newyorkaises. Dès la première chanson, Wild Style Thème Rap 1 (par Grand Master Caz & Chris Stein, le guitariste de Blondie), on ressent cette ambiance particulière. C’est un morceau brut et très riche en scratchs simples mais néanmoins efficaces.


Vient ensuite Mc Battle, qui, comme l’indique son titre, est une lutte verbale entre The Chief Rocker Busy Bee et Lil Rodney Cee. Les textes sont essentiellement de l'égo trip, comme sur l'ensemble de la bande originale. Le morceau suivant, Basketball Throdown, est également un clash. Il oppose deux groupes, The Cold Crush Brothers et The Fantastic Freaks, dont les membres se présentent un a un, à capella. Ce morceau est bien rythmé, dans la pure tradition des joutes verbales improvisées (dans le film, la scène se déroule sur un terrain de basket). Les Fantastic Freaks reviennent pour le titre subséquent, Live At The Dixie. Une prestation live très rythmée, sur une version instrumentale à la caisse claire typique de l'époque des premières block party, ces soirées ou tous les acteurs du mouvement graffeurs, danseurs, rappeurs, DJ's) se rencontraient dans un esprit de partage.


On reste dans le live pour les pistes postérieures : Grand Wizard et Kevie Kev Rockwell pour Military Cut, un morceau de DJ classique (des scratchs posés sur un beat), les Cold Crush Brothers rappent ensuite sur une version instrumentale très proche de celle du morceau 4. Un « freestyle » a capella, The Stoot Rap, fait office de parenthèse dans cette session live. The Stoot Rap est autant rythmé par les claquements de doigts des rappeurs de Double Trouble que par leurs paroles, efficace. Double Trouble enchaine avec une prestation live à l'amphithéâtre, lieu où se déroule la conclusion du film. Un bouquet final musical réussi qui débute par une succession de « freestyle » et d'égo trip qui nous plonge plus que jamais dans cette atmosphère que seuls les B Boys qui étaient présents à l'époque peuvent connaître.


The Wild Style Subway Rap 2 vient alors bercer l'auditeur jusqu’au morceau suivant qui utilise la même instrumentale : South Bronx Subway Rap. Le Gangbusters Scratch Mix par Grand Wizard et Kevie Kev Rockwell nous plonge ensuite dans une ambiance mystérieuse, parfaite pour accompagner une scène de graffiti ! Rammellzee, Shock Dell et DST viennent clore ce disque, avec un live à l'amphithéâtre. Ce morceau final est textuellement proche des autres, mais la façon de rapper est très travaillée, tant au niveau du flow que du jeu verbal entre les rappeurs. Pour comprendre un mouvement il faut en connaître ses fondamentaux. Wild Style a immortalisé grand nombre des piliers du hip-hop, il constitue une définition de cette culture, ce qui en fait un long métrage incontournable.
Admiral Lee


Film étasunien de Charlie Ahearn (1983, 82 minutes). Avec Easy AD, AJ, Almighty KJ, Patty Astor, Busy Bee, Fab 5 Freddy, Grandmaster Flash. Disponible en DVD zone 2 chez Montparnasse. BO sorti en vinyle chez Animal Records (1983 & 1999) et en CD sur le label Because (2006).

lundi 12 août 2019

Commando spatial la fantastique aventure du vaisseau Orion débarque en DVD chez Rimini Editions


Star Trek Vs Raumpatrouille
En 1981, juste après le choc visuel de 2001 l’Odyssée de l’espace, Silent Running et Star Wars, Star Trek la série télé avec son look sixties gentiment psychédélique arrivait sur le petit écran français. Drôle, mais manquant parfois d’intérêt véritable, contrairement aux Envahisseurs et au Prisonnier, Star Trek avait cependant de réels atouts : cette jouissance de proposer des voyages dépaysants avec l’aide des plus grands auteurs de la science-fiction. Tout le monde sait aujourd’hui l’engouement qui s’empara de la jeunesse française d’alors pour ce séduisant gadget. Nous n’avions plus notre compte d’évasion, de territoires vierges à explorer. Il nous fallait des Quatrièmes dimensions, des Outer Limits, des Voyages au cœur du temps. Après un léger flottement, comme aux Etats-Unis quinze ans plus tôt, se produisit en France le même phénomène avec Star Trek : un rejet, puis un bruyant regain d’intérêt. Des foules de gamins se transformaient alors en trekkies. L’enthousiasme des audacieuses années soixante nous ravissait, difficile d’oublier les oreilles de Monsieur Spock ou la très glamour lieutenant Uhura (cf. photo ci-dessous).


Les films et les séries d’anticipation se sont ensuite accumulés, plus impressionnants les uns que les autres : Galactica ancienne et nouvelle génération, Babylon 5… Les effets spéciaux évoluent sans cesse, mais la SF, où est-elle ? Quel nouveau regard nous apporte-t-elle ? Alors que se posait cette question, la chaîne Ciné Cinéma Classic diffusa en novembre 2009, quarante ans après son passage sur l’ ORTF, la coproduction franco-allemande Commando spatial, la fantastique aventure du vaisseau Orion (Raumpatrouille, die phantastischen abenteuer der raumschiffes Orion). Depuis, cette série culte en RFA semblait ne pas susciter d'intérêt chez les éditeurs français. Heureusement, en 2019, Rimini Editions répare enfin l'erreur. Petit flashback en 1966, c'est là que sortait des studios allemands Bavaria cette série de SF psychédélique réalisée par Rolf Honold. A l'époque, une novellisation française éditée par Raoul Solar en est tirée par René Barjavel et Pierre Lamblin. Tournée au même moment que Star Trek, Commando spatial brillait surtout par ses audaces esthétiques ; n’oublions pas que les Allemands nous ont apporté l’expressionnisme, le Bauhaus, et le futurisme.


Minorité(s) report
Si l’on entame une comparaison entre les deux séries de l’époque, Star Trek et Commando spatial, on note certaines différences. Les personnages féminins de Star Trek, créés par Gene Roddenberry, se libèrent à peine de l’emprise machiste. A part les sirènes et autres magiciennes, parfois vicelardes et manipulatrices, les autres femmes seraient plutôt des ingénues fleur-bleue. Une femme dans chaque astroport, naïve, potiche. La bombe sexuelle Uhura, cantonnée au service des communications du vaisseau, voit ainsi bondir son palpitant à chaque fois que le capitaine Kirk l’effleure innocemment. A l’inverse, les créatures rugissantes et narquoises de Commando spatial, à l’extrême rigueur vestimentaire très SM, profèrent des remarques acerbes avec la sécheresse d’une lame de couteau. Princesses d’un autre temps, ces Eva Pflug (cf. photo ci-dessus) ou Christiane Minazzoli (cf. photo ci-dessous) ont des allures de top-modèles, de robots sexuels. Une révolution féministe a-t-elle eu lieu dans les cerveaux des créateurs de Commando spatial? Loin d’être les plantes décoratives des séries de l’époque (et d’après), les femmes développent ici tout un potentiel : elles sont plus mûres, plus raisonnables que leurs comparses mâles.


Dans l’épisode Les Bricoleurs du soleil, Elle, la chef hors-la-loi, est une Che Guevarra qui s’habile chez les grands couturiers, une reine s’opposant à l’impérialisme au risque de déstabiliser tout le système solaire. Finalement, la raison prendra le dessus, et Elle rangera son orgueil dans sa poche pour protéger l’institution. Les femmes habitant cette planète Croma prendront les rênes du pouvoir, refusant de le laisser aux « politiciens hommes ». Encore une preuve du pouvoir parfois prophétique de l’anticipation (le mouvement féministe ne s’organisera vraiment qu’au début des années 1970, soit quelques années après Commando spatial). Ce qui fait le charme réel de la série, c’est avant tout sa fraîcheur, son humour, sa naïveté. On peut certes parler de préjugés « raciaux » à l’encontre des robots et des monstres. A l’époque, les martiens et consorts remplacent les indiens dans les rôle des méchants, des autres qui nous font peur et qu’on ne comprend pas. Quel est à ce titre le rôle exact de René Barjavel ? L’écrivain de SF, chargé de l’adaptation française de la série, pâtissait en effet d’une image ambiguë. Ancien du journal collaborationniste Je suis partout pendant l’Occupation allemande, ses écrits auraient véhiculé une vision de la société idéale proche pour certains du fascisme et de l’Etat policier (refus du progrès, retour à la terre…).


Design & SFX made in Germany
Les effets spéciaux sont gentiment raillés par Mad Movies ou Télérama, et n’ont pourtant pas à rougir devant ceux de Star Trek ou des Envahisseurs. Le vaisseau Orion, avec son pied d’atterrissage télescopique, les navettes, les robots, les monstres, tous ces effets ont le charme et la maladresse technique, voire la naïveté, sûrement due aux tâtonnements du matériel d’une télévision encore balbutiante, pourtant dotée de moyens importants pour l’époque (pour se faire une idée du travail de sape des produits de l’imaginaire exercé par les responsables audiovisuels hexagonaux de l’époque, vous pouvez vous référez au livre de Jacques Baudou, Merveilleux, Fantastique et Science-Fiction à la télévision française-Huitième art éditions). Les scaphandres ressemblent peut-être à des cloches à fromage, mais Orion est une superbe création, avec ses chaloupes spatiales aux hublots globuleux accrochant si bien la lumière des étoiles. Le mobilier hésite lui entre l’école d’avant-guerre expressionniste et futuriste allemande, les tendances atomiques des années 1950 et l’explosion psychédélique des sixties. A conseiller à ceux qui vénèrent les innovations graphiques de Jean-Claude Forrest pour les décors de Barbarella(Roger Vadim-1968), ou les trouvailles du Prisonnier, tel le siège-bulle du deuxième épisode.


Aussi chers amis de l’imaginaire, je vous suggère de ne pas réduire Commando spatial à son esthétique un peu datée et brouillonne (toute esthétique n’est-elle pas par définition datée, voir le design de ces trente dernières années ?) et interrogez-vous plutôt sur sa modernité, son universalité et les évidentes fulgurances de certaines allégories. La SF a ceci de particulier qu’elle développe plusieurs principes, qu’elle permet de contempler plusieurs facettes, plusieurs variantes, des multitudes de concepts, d’univers, de définitions. Elle fait sauter les barricades, ouvre des portes, ôte des œillères. Commando spatial, c’est la SF légère des sixties, un conte de fée parfois naïf mais enthousiaste sur l’avenir des hommes. Et terriblement rafraîchissant à l’heure où l’anticipation actuelle étouffe l’onirisme (autrement dit sa raison même d’exister) sous un besoin absolu de réalité.

Antoine Cervero & David Verhaeghe

Merci à Jean-Pierre Vasseur, vous retrouverez Commando Spatial dans nos émissions de rentrée de Culture Prohibée.

lundi 5 août 2019

Le Parfum De La Dame En Noir

Il Profumo Della Signora In Nero
Origine : Italie
Année : 1974
Un film réalisé par Francesco Barilli
Avec Mimsy Farmer, Mario Scaccia, Maurizio Bonuglia...
Edité en DVD Zone 2 (version anglaise ou italienne) cher Raro Video (2005), inédit en France.


Silvia Hacherman (Mimsy Farmer, vue dans Quatre mouches de velours gris de Dario Argento - 1971) est une jeune chercheuse en chimie qui consacre beaucoup de temps à son travail et vit seule dans un grand appartement à Rome. Elle fréquente Roberto avec qui elle se rend un soir à une répétition chez un célèbre professeur africain qui intrigue la jeune femme en lui parlant de magie noire et de rituels vaudous. Le lendemain, Silvia semble encore perturbée par la conversation et commence à être victime d’hallucinations : sa mère mystérieusement décédée lui apparaît à plusieurs reprises ainsi qu’une petite fille ; puis à se sentir menacée par son environnement. La mort inattendue de son amie et voisine Francesca, terrassée par une crise cardiaque dans son bain persuade Silvia qu’un complot meurtrier a été fomenté par ses voisins et qu’elle en est la prochaine victime.


Tristement inédit en France, le film est le premier long métrage du peu prolifique Francesco Barilli à qui l’on doit le scénario (co-écrit avec Massimo d’Avak) du vénéneux giallo d’Aldo Lado Qui l’a vue mourir ? (1972) et la réalisation du giallo d’épouvante Pensione paura avec Luc Merenda (1977). Le parfum de la dame en noir peut sans peine être qualifié d’œuvre « hybride » dans la mesure où l’on y retrouve à la fois des éléments du giallo, des thèmes appartenant au fantastique et la structure d’une étude psychologique. Disons-le d’emblée : le film ne présente ni mystérieux assassin ganté ni scènes de meurtres graphiques et stylisées ni « whodunit » ce qui l’éloigne à priori de la catégorie « giallo ». Cependant on y trouve clairement la même ambiance délétère (l’immense appartement de Silvia semble à tout instant habité par une présence potentiellement dangereuse), l’importance donnée au thème du trauma infantile (la jeune femme est hantée par des souvenirs d’enfance mêlant sexualité et acte meurtrier), le traitement fétichiste des objets (la poupée ou la boîte à musique que Silvia a conservées comme des talismans) et de certaines parties du corps (l’œil de l’héroïne plusieurs fois filmé en très gros plan). L’atmosphère « giallesque » se teinte de fantastique au travers des apparitions (fantômes ? machination ?) qui assaillent Silvia et par l’évocation en filigrane de thèmes qui ressortissent à la sorcellerie et à l’envoûtement dont pourrait être victime la jeune femme. Mais c’est bien le portrait psychologique de cette dernière qui structure tout le film et le rend si précieux, en même temps qu’il l’éloigne de la caractérisation souvent sommaire à l’œuvre dans la plupart des giallos.


Etude approfondie d’une âme tourmentée, Le parfum de la dame en noir convoque l’esprit de deux films « mentaux » de Roman Polanski, Répulsion (1965) et Rosemary’s Baby (1968) dont les héroïnes blondes et névrosées, respectivement Catherine Deneuve et Mia Farrow, ont clairement servi de modèles pour le personnage interprété par Mimsy Farmer. Cette influence revendiquée semble d’ailleurs s’être inversée car plusieurs scènes du long métrage italien (le travestissement du personnage principal, sa paranoïa grandissante, son attirance pour le vide…) paraissent préfigurer celles d’un autre chef d’œuvre de Polanski tourné deux ans plus tard, Le locataire . La modernité et la richesse du film de Francesco Barilli apparaissent de manière éclatante dans le choix audacieux de faire se rencontrer puis d’entremêler de façon inextricable ce qui relève du réel et ce qui a trait au rêve ou au fantasme. La dimension onirique (les rencontres puis les dialogues de Silvia avec une petite fille probablement imaginaire, les apparitions ou disparitions soudaines et inexpliquées de plusieurs personnages énigmatiques…) finit par contaminer le récit au point de brouiller tout repère logique. L’emploi d’une narration peu linéaire (nombreux flashes-back, possibles flashes-forward…), la volonté du réalisateur d’étirer des scènes sans résolution et de ne donner au spectateur que de rares indices plutôt sibyllins (voir la scène de la cérémonie mortuaire pour Francesca, l’amie de Silvia) achèvent de faire du film une sorte de rêverie poétique et absurde. Il n’est donc pas fortuit de retrouver dans Le parfum de la dame en noir de nombreuses références (presque des transpositions libres) à l’univers d'Alice de Lewis Carroll ; la variation macabre autour de « Un thé chez les fous » est peut-être la plus réussie car la plus déconcertante.


Une influence picturale nourrit également le film qui travaille chaque plan comme une composition où formes, lumières et couleurs sont harmonieusement agencées. Les espaces clos qui forment l’essentiel du décor du métrage sont autant de tableaux à l’intérieur desquels Silvia semble doublement emprisonnée, à la fois dans des cadres aux lignes géométriques fermées et dans son univers mental entièrement replié sur lui-même. La recherche plastique est toujours ici en adéquation avec le fond, à l’image de ces séquences où la fragile héroïne porte une tenue cuivrée semblable aux teintes de la pièce dans laquelle elle évolue : Silvia paraît alors se fondre dans le décor ou même être « aspirée » par celui-ci. Le motif de la disparition/désintégration est de fait central, comme le confirmera l’incroyable « twist » final qu’on ne peut bien sûr pas révéler… Même remarque en ce qui concerne la profusion de plans où figurent glaces et miroirs et qui, au-delà de leur valeur esthétique, symbolisent le motif du dédoublement/schizophrénie qui est également essentiel dans le film. Si Le parfum de la dame en noir repose en partie sur une approche psychanalytique, il s’agit avant tout d’une œuvre sensitive, parfois hermétique qui parvient à transcender ses influences (les premiers giallos de Dario Argento, Rosemary’s baby, Toutes les couleurs du vice de Sergio Martino, 1972) et à s’imposer dans la catégorie des chefs-d’œuvre injustement oubliés du cinéma de genre italien.
Alexandre Lecouffe