mardi 20 août 2019

Le bon son de l'amiral : Wild Style


Wild Style est le premier film de l'histoire du cinématographe sur le hip-hop, c’est aussi le meilleur. Jamais l'esprit du mouvement n'a été si bien retranscrit. Ce docu-fiction de Charlie Ahearn raconte le quotidien du graffiti artiste Zoro (rôle tenu par Lee Quinones, graffeur de renom) dans la ville de New York, au début des années 80. A l'écoute de la bande originale de ce film nous sommes transportés à l'époque des premières soirées hip-hop newyorkaises. Dès la première chanson, Wild Style Thème Rap 1 (par Grand Master Caz & Chris Stein, le guitariste de Blondie), on ressent cette ambiance particulière. C’est un morceau brut et très riche en scratchs simples mais néanmoins efficaces.


Vient ensuite Mc Battle, qui, comme l’indique son titre, est une lutte verbale entre The Chief Rocker Busy Bee et Lil Rodney Cee. Les textes sont essentiellement de l'égo trip, comme sur l'ensemble de la bande originale. Le morceau suivant, Basketball Throdown, est également un clash. Il oppose deux groupes, The Cold Crush Brothers et The Fantastic Freaks, dont les membres se présentent un a un, à capella. Ce morceau est bien rythmé, dans la pure tradition des joutes verbales improvisées (dans le film, la scène se déroule sur un terrain de basket). Les Fantastic Freaks reviennent pour le titre subséquent, Live At The Dixie. Une prestation live très rythmée, sur une version instrumentale à la caisse claire typique de l'époque des premières block party, ces soirées ou tous les acteurs du mouvement graffeurs, danseurs, rappeurs, DJ's) se rencontraient dans un esprit de partage.


On reste dans le live pour les pistes postérieures : Grand Wizard et Kevie Kev Rockwell pour Military Cut, un morceau de DJ classique (des scratchs posés sur un beat), les Cold Crush Brothers rappent ensuite sur une version instrumentale très proche de celle du morceau 4. Un « freestyle » a capella, The Stoot Rap, fait office de parenthèse dans cette session live. The Stoot Rap est autant rythmé par les claquements de doigts des rappeurs de Double Trouble que par leurs paroles, efficace. Double Trouble enchaine avec une prestation live à l'amphithéâtre, lieu où se déroule la conclusion du film. Un bouquet final musical réussi qui débute par une succession de « freestyle » et d'égo trip qui nous plonge plus que jamais dans cette atmosphère que seuls les B Boys qui étaient présents à l'époque peuvent connaître.


The Wild Style Subway Rap 2 vient alors bercer l'auditeur jusqu’au morceau suivant qui utilise la même instrumentale : South Bronx Subway Rap. Le Gangbusters Scratch Mix par Grand Wizard et Kevie Kev Rockwell nous plonge ensuite dans une ambiance mystérieuse, parfaite pour accompagner une scène de graffiti ! Rammellzee, Shock Dell et DST viennent clore ce disque, avec un live à l'amphithéâtre. Ce morceau final est textuellement proche des autres, mais la façon de rapper est très travaillée, tant au niveau du flow que du jeu verbal entre les rappeurs. Pour comprendre un mouvement il faut en connaître ses fondamentaux. Wild Style a immortalisé grand nombre des piliers du hip-hop, il constitue une définition de cette culture, ce qui en fait un long métrage incontournable.
Admiral Lee


Film étasunien de Charlie Ahearn (1983, 82 minutes). Avec Easy AD, AJ, Almighty KJ, Patty Astor, Busy Bee, Fab 5 Freddy, Grandmaster Flash. Disponible en DVD zone 2 chez Montparnasse. BO sorti en vinyle chez Animal Records (1983 & 1999) et en CD sur le label Because (2006).

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