Ce blog est celui de l'émission radiophonique Culture Prohibée. Produite et animée par les équipes des Films de la Gorgone et de Radio Graf'Hit, elle vous invite, chaque semaine, à découvrir divers aspects de la contre-culture à travers des émissions thématiques (le mouvement beatnik, le polar, la presse cinéma, le rock alternatif, le giallo, etc.) et des rencontres passion-nantes (interviews de Dario Argento, Bertrand Tavernier, Philippe Nahon, Costa-Gavras, etc.). Culture Prohibée est une émission hebdomadaire d'une heure diffusée le mardi à 17H sur les ondes de Radio Graf'Hit (rediffusions le samedi à 10H et le dimanche à 23H). L'émission est également diffusée sur d'autres antennes : Radio Active 100 FM à Toulon, Radio Ballade à Espéraza, Booster FM à Toulouse, C'rock Radio à Vienne, Radio Valois Multien à Crépy en Valois , Résonance à Bourges et Radio Panik à Bruxelles.
Ce blog constitue un complément à l'émission en vous proposant des interviews inédites, des prolongements aux sujets traités à l'antenne ainsi qu'un retour détaillé sur les sorties DVD et bouquins que nous abordons "radiophoniquement". Autre particularités du blog, vous fournir le sommaire détaillée ainsi que la playlist de chaque émission. Pour plus d'infos, vous pouvez vous connecter sur le FB de l'émission en cliquant ici.
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samedi 25 août 2018

Visionnages - La playlist de l'été 2018 - Episode 8 : Artus, Carlotta, Ecstasy, Elephant, ESC et Rimini font des galettes


Durant les dernières semaines, nous vous avons beaucoup causé bouquins. Pour changer, nous allons aborder quelques films prochainement disponibles et d'autres déjà sortis en DVD/BR durant l'été. Ces péloches seront chroniquées dans nos émissions de rentrée, of course !


Nous débutons ce tour d'horizon avec le boulot titanesque d' Artus Films qui nous a sorti pléthore de titres durant l'été. Il y a, tout d'abord, quatre nouveaux opus dans la collection Jess Franco dont l'un de ses meilleurs films, l'anticlérical Les démons. Tourné deux ans après Les diables (1971), chef d'oeuvre de Ken Russell inspiré de l'affaire des démons de Loudun, le Franco se déroule dans l'Angleterre du XVIIe siècle. Une vieille sorcière, brûlée sur le bûcher, déclare à ses bourreaux que ses deux filles la vengeront. Bien entendu, chez l'ibère, les sorcières sont de vrais sorcières et l'érotisme est sadien. Dans les mêmes décors, en 1972, Franco avait tourné deux péloches psychotroniques : La Fille de Dracula et Les Expériences érotiques de Frankenstein. Si La fille de Dracula est très mineur, avec un méchant vampire obligeant sa descendante à pratiquer une sexualité débridée, Les Expériences érotiques de Frankenstein, détournement, avec du cul dedans, des films de monstres façon La maison de Frankenstein (1944) d'Erle C. Kenton (dispo chez Elephant Films), est bien plus rigolo. Tender Flesh (1997), seul titre de cette salve à sortir uniquement en DVD, vaut plus pour ses très bons bonus, en particulier un making of de malade signé de l'éminent Alain Petit. Il est important de signaler, aux fans de l'espagnol, que les copies présentées sont superbes.


Orgie satanique pourrait être le titre d'un Franco, mais ce n'est pas le cas, c'est en fait une curiosité britannique de 1965 doté d'un pitch pouvant évoquer le Dracula 73 (1972) d'Alan Gibson. Dans cette bobine assez peu gratinée en matière d'orgie, Lance Comfort nous conte les péripéties d'une bande de touristes anglais égarés en Bretagne poursuivis par un vampire (et ses potes) qu'ils ont réveillé. Le suceur de sang s'appelle Molière, c'est dire si ça rigole pas! Pour le reste, ce film sympathique est une chouette découverte. Quant à Hercule contre les fils du soleil (1964), bien que signé du nazebroque Osvaldo Civirani, il vaut le détour de par la prestation énergique de Giuliano Gemma, qui campe Maytha, pote d'Hercule (le culturiste Mark Forest). Autre péplum moyen mais pas inintéressant, Hercule l'invincible (Alvaro Mancori-1964) dans lequel Dans Vadis, pour les yeux de la belle Spela Rozin, s'en va affronter un dragon. Deux péplums qui sont, toutefois, à réserver aux completistes. Nous avons gardé le meilleur pour la fin avec le livre+BR+DVD consacré à l'excellent L'au-delà (1981) de Lucio Fulci. Un des derniers soubresauts du Bis rital, une oeuvre majeure dans laquelle Catriona MacCall hérite d'une demeure louisianaise ou fut lynché un peintre ayant osé représenter l'enfer. Rien que l'introduction et le final sont parmi les plus belles scènes jamais tournées par le grand Lucio Fulci. A noter, un très bon ouvrage chapeauté par Lionel Grenier qui s'intéresse à ce territoire magique et hautement cinégénique qu'est la Louisiane. Cette édition, tout comme celle récente de L'enfer des zombies (1979), est un must (tous les BR & DVD Artus Films sont disponibles dans notre boutique, cliquez ici).


Chez Carlotta Films, on continue d'alterner cinéma d'auteur et de genre, de décloisonner les cinéphilies, à l'image des sorties de l'été avec, en premier lieu, une fabuleuse interview du très rare Brian De Palma. Le génie à l'origine de Carrie (1976), Phantom of the Paradise (1974) et Blow Out (1981) répond à toutes les questions de Noah Baumbach (Frances Ha-2012) et Jake Paltrow (Young Ones-2014), et quand deux réals' parlent à un autre réal', cela donne De Palma, un documentaire exceptionnel sur le septième art. Autre monstre sacré, Marlon Brando, mis à l'honneur à travers une très belle édition de son excellent western La vengeance aux deux visages (1961), une illustration puissante du thème de la vendetta traitée à travers un affrontement subtil entre Brando et Karl Malden. Cette unique mise en scène de Brando est une grande réussite qu'il est temps de réhabiliter. Tout comme le film noir Comme un chien enragé (1986) de James Foley. Sans doute le meilleur film du réalisateur du piteux Cinquante nuances plus claires (2017). Inspiré d'un faits divers réel, le métrage voit se confronter deux monstres sacrés, Christopher Walken et Sean Penn, dans un duel père-fils très éprouvant.


Tout aussi incandescent est Cinq et la peau (1981) du regretté critique Pierre Rissient, un grand film sensuel, un sommet d'érotisme dans les rues oppressantes de Manille. Passons rapidement sur le gentillet Cocoon (1985) de Ron Howard, sans doute le meilleur taf de Richie Cunningham (même si ça reste du Ron Howard, faut pas trop en attendre), pour nous attarder sur A armes égales (1982), nouveau titre de la Midnight Collection. Ce buddy movie au pays du soleil levant signé John-L'opération diabolique-Frankenheimer est une série B d'action survitaminée typique des 80's avec deux acteurs cultes, Scott-Le silence des agneaux-Glenn et Toshiro-Les sept samouraïs-Mifune. A la fin des années 80, une péloche a sonné le glas d'une certaine idée du cinéma d'horreur, un trip hallucinant critiquant férocement les sacro-saintes valeurs familiales de la bourgeoisie US, une partouse gigantesque au service du mauvais goût, le fabuleux Society (1989) de Brian Yuzna. Ce petit classique sort dans une incroyable édition blindée de bonus chez The Ecstasy of Films, sautez sur l'occasion, foncez dans notre boutique l'acheter en cliquant ici !


Autre éditeur indé aux goûts très surs, Elephant Films, qui nous promet une incroyable intégrale de la série culte de Kenneth-V-Johnson, L'incroyable Hulk, pour la rentrée. Un collector avec plus de 10 heures de bonus et un bouquin de 148 pages, avec ça, le Dr Banner, heureux, ne risque plus de se transformer en Lou Ferrigno (ce qui va faire faire des économies en achat de pantalon à Bill Bixby !). Autre sortie événement chez le pachyderme, cinq films tournés entre 1932 et 1938 par le roi de la comédie Ernst Lubitsch, L'homme que j'ai tué, Une heure près de toi, Si j'avais un million, Sérénade à trois & La huitième femme de Barbe-Bleue. Ce qui est intéressant dans cette sélection c'est qu'elle permet de découvrir que Lubitsch ne faisait pas que dans le comique, Une heure près de toi est un musical, Si j'avais un million une anthologie et L'homme que j'ai tué un mélodrame antimilitariste. Ces cinq péloches sont de pures merveilles qui vont vous faire barrir de plaisir !


Petit saut dans le temps avec un bon vieux film de la Cannon, un des meilleurs débauchages de la firme puisqu'il concerne Andreï Konchalovski et son Runaway Train (1985). Cette péloche d'action voit Manny, un prisonnier multirécidiviste, et Buck, un jeune voyou un peu tendre, s'évader d'une prison de haute sécurité sise en Alaska et se retrouver coincés dans un train fou sans conducteur. Tragique et violent, Runaway Train marque le retour à l'écran de John Voight. Le papa d'Angelina Jolie sera nominé à l'Oscar pour ce rôle, tout comme son partenaire, le buriné Eric Roberts. Signée ESC, cette édition propose un très beau master HD. ESC fait d'ailleurs de même avec un grand film méconnu du génial George A. Romero. Le réalisateur de La nuit des morts-vivants (1968), malheureusement décédé il y a un an, se voit gratifié d'un fort bel hommage à travers la parution d'un collector consacré à Incidents de parcours. Même si la production à dépossédé Romero d'un final très noir, Incidents de parcours n'en demeure pas moins passionnant. Il y est question d'un handicapé aidé au quotidien par un singe domestique qui devient de plus en plus possessif. Incident de parcours est une péloche terrifiante qui permet à son auteur de démonter son talent dans l'art du suspense : Une vraie pépite !


Terminons par un éditeur adepte des éditions de qualité riches en bonus : Rimini. Au début de l'été, il a proposé deux films méconnus de John Huston, Dieu seul le sait (1957), dans lequel le militaire Robert Mitchum s'éprend de la religieuse Deborah Kerr (voilà qui n'est pas sans rappeler son personnage dans Le narcisse noir de Michael Powell & Emeric Pressburger-1947) pendant le débarquement nippon, et Le barbare et la geisha (1958), qui voit un ambassadeur américain (John Wayne) au japon former un couple improbable avec une geisha (Eiko Ando). Si le deuxième, remonté par un John Wayne mécontent est un peu bancal, Dieu seul le sait est un pur film "Hustonien" où figurent toutes les obsessions du maître. Autre légende du cinéma US, Robert Aldrich, dont Le vol du Phénix (1965), classique du survival au casting cinq étoiles (James Stewart, Richard Attenborough, Peter Finch, Ernest Borgnine, entre autre), est également édité par Rimini. L'histoire est simple, douze rescapés d'un crash doivent, dans le désert, à partir des débris de leur avion, en reconstruire un, c'est une question de vie ou de mort. Le vol du phénix est un incroyable suspense de 2H20, une réussite de plus à mettre à l'actif de Bob Aldrich. Plus court, Baïonnette au canon (1951) est un étonnant film de guerre à mettre à l'actif du passionnant Samuel Fuller. Ce dernier, au lieu de signer l'oeuvre de propagande qui lui a été commandée, livre un regard subtil sur la dure condition de soldat. Ancien combattant émérite de la seconde guerre mondiale, Fuller donne sa vision de la guerre de Corée, loin de tout manichéisme. Le personnage du Caporal Denno (Richard Baseheart), terriblement humain, est l'un des plus beaux de sa filmographie. Baïonnette au canon est une péloche à redécouvrir, assurément.

Hanzo

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