Wes Craven 02-08-1939 30-08-2015
Après l'été meurtrier de 2015 qui a vu disparaître nombre de nos interprètes et réalisateurs préférés, nous espérions une rentrée moins triste. Et bien non, la grande faucheuse continue de nous ravir ceux qui ont construit notre cinéphilie. Aujourd'hui, 6H du mat', la mauvaise nouvelle tombe, une tumeur au cerveau vient d'emporter Wes Craven. Beaucoup de médias ne vont retenir de lui que Scream et Freddy, nous on se souviendra éternellement des cauchemars provoqués par La colline a des yeux et La dernière maison sur la gauche. Wes, on l'aimait beaucoup, on en a parfois parlé dans l'émission, on a beaucoup écrit sur lui (votre Hanzo préféré dans le Metaluna N°8 et dans Sueurs Froides, Thomas Roland sur ce même blog), son cinéma va beaucoup nous manquer...
dimanche 30 août 2015
samedi 29 août 2015
R.I.P. Vallée FM
Vallée FM, radio qui diffusait Culture Prohibée depuis plusieurs années, cesse d’émettre le 1er septembre 2015. Son conseil d'administration, conscient que la station fait face à de graves problèmes financiers, s'est résolu à mettre la clé sous la porte. C'est une belle antenne qui ferme avec quelques émissions vraiment excellentes (je pense plus particulièrement à 7ème Synmphonie). Tout cela va envoyer quelques salariés pointer au Pôle Emploi, l'équipe de Culture Prohibée leur souhaite beaucoup de courage. Pour plus d'infos, voilà ce qu'en disent Le Parisien, Turbulences et La Lettre Pro. Une pétition en ligne a été lancée pour sauver cette radio, elle se signe ici. Ci-dessous, le courrier qui nous a été envoyé par Christophe Avellaneda, coordinateur de la rédaction :
"Bonjour,
Depuis 23 ans, Vallée FM a été la radio locale de Marne la Vallée et des alentours. Une radio associative de communication sociale de proximité, qui a consolidé ses valeurs et les actions qu’elle a défendu depuis sa création.
Vallée FM avait pour objectif avec l’ensemble de ses émissions de promouvoir : l’éducation, la culture, la lutte contre les discriminations, l’environnement et le développement local.
Vallée FM était un laboratoire radiophonique, un lieu de création, de passerelle et d’échange.
Avec une équipe professionnelle et 70 producteurs et animateurs bénévoles Vallée FM offrait une richesse par la diversité et l’originalité des émissions. Elle proposait des programmes éducatifs, culturels, musicaux, de proximité et d’ailleurs, d’informations, ….
Le 1er septembre nous restituons notre fréquence 98.4 au C.S.A.
Nous tenons, par ce message, à vous remercier pour l'intérêt que vous avez porté à la radio."
©R.I.P. RADIO Logo Concept Digital Drawing DTM Creative
Reprise de Culture Prohibée cette semaine : Emission spéciale Nollywood Week Paris 2015 avec les interviews des réalisateurs Kunle Afoyalan (October 1) & Eric Aghimien (A Mile from Home)
Retrouvez cette semaine Culture Prohibée sur les antennes de nos radios partenaires (cf. liens ci-contre dans la rubrique "Nous écouter sur votre poste de radio").
Au programme de votre émission préférée consacrée à l'actualité de la contre-culture, une spéciale Nollywood Week Paris, festival consacré à la production cinématographique nigériane qui s'est tenu du 4 au 7 juin 2015, le sommaire :
-Retour sur la programmation ;
-Entretien avec Kunle Afoyalan le metteur en scène du polar October 1, une histoire de tueur en série dans un petit village nigérian quelques jours avant l’indépendance proclamée le 1er octobre 1960 ;
-Rencontre avec Eric Aghimien, auteur du film de gangs intitulé A Mile from Home.
Playlist de l'émission :
-Générique d'après DJ No Breakfast remixé par Léo Magnien (notre flamboyant ingénieur du son);
-Zombies (Fela Kuti) ;
-African Safari (Sir Victor Uwaifo) ;
-Lagos City (Asiko Rock Group) ;
-Fela Dey (Akoya Afrobeat).
vendredi 28 août 2015
On the air : Retour en studio
C'est le 1er septembre que toute l'équipe de Culture Prohibée reprend le chemin des studios pour enregistrer le début de la saison 7, comme vous pouvez le constater sur la photo ci-dessus, on est une belle bande de mercenaires de la contre-culture venue de l'espace. La réouverture des hostilités est prévue pour le mardi 1er septembre à 17H sur l'antenne de Graf'Hit avec une émission dont nous vous révélerons le sommaire d'ici quelques heures... suspense, suspense.
Notre bande (cf. cliché ci-dessus pris dans notre studio-en fait on est que trois sur la photo parce que le reste de la bande est en intervention super-héroïque)reste fidèle au poste. Ainsi vous retrouverez, au fil de la saison, Antoine Cervero alias Eurydice le président de L'Antre de Neptune , Christophe Cosyns alias Coco le patron d'The Ectasy Of Films , John Feret alias l'homme mystère le libraire spécialiste de l' import vidéo, Fabrice Lambot alias le métalunien, producteur de cinoche et dirigeant de Metaluna Productions, Léo Magnien alias Leo the last (but not the least), ingénieur du son de radio Graf'Hit, Marie-Thérèse Paimblanc dit Maï alias la macrale, membre de la rédaction de Sueurs Froides, Jérôme Pottier alias la gorgone, président des Films de la gorgone, chroniqueur de roman noir (813) et critique de cinoche barré pour quelques revues dont Distorsion, Medusa, Metaluna , Sueurs Froides et Vidéotopsie, Thomas Roland alias le loup-garou picard, membre des rédactions de Culturopoing et Vidéotopsie, et Yannick Vanesse alias le leprechaun, membre de la rédaction de notre partenaire East Asia. Ci-dessous, un petit indice sur notre sommaire de reprise : vivement mardi!!!
dimanche 23 août 2015
Les lectures de Boris : Oussama
Ecrit par Norman Spinrad
Publié en mai 2010 chez Fayard
ISBN 978-2-213-63691-7
On n'échappe pas à Norman Spinrad. Ce type, désespérément inventif, manifeste une grosse envie que son œuvre suscite le débat. Ce coup-ci, au moins, c'est clair, c'est une uchronie : En gros, les attentats du 11 Septembre ont porté leurs fruits et les états musulmans radicaux sont légion. Une partie de ces états est regroupée sous le protectorat du Califat qui applique la stricte Charia et qui n'a de cesse d'être en lutte larvée contre le Grand Satan que sont les États-Unis d'Amérique. Le livre s'articule autour d'un concert d'arguments développé par le personnage principal, cet espion du Califat envoyé en France (comme Spinrad s'exila à Paris sous Reagan) mesure les différences entre ce qu'il a appris et ce qu'il voit.
Fidèle à lui-même, Spinrad (cf. ci-dessus son portrait effectué lors d'une visite à La demeure du chaos, Saint-Romain-au-Mont-d’Or-Abode of Chaos/Flickr/CC) étudie profondément son sujet, la religion qui dérape vers la géopolitique, et évite toute propagande. D'ailleurs si le livre aborde la religion, son objet demeure le fanatisme. Dans notre quotidien, on est souvent surpris que des gens intelligents puissent être fanatiques. Comment cela peut arriver ? L’auteur nous en fait la démonstration ! Le bouquin est très bien fichu, nous emmenant dans une aventure d'abord française, ensuite africaine.
De tous les Spinrad que j'ai lus, ça a été le plus facile à avaler. Il aborde le terrorisme de l’intérieur, part d'un postulat très proche de notre situation géopolitique actuelle, ressort la Guerre Froide à la sauce Islam vs Satan, tient compte du contexte économique actuel (pour ce qui est du pétrole en tout cas), en profite pour mettre quelques coups aux États-Unis et à leur hégémonie. Spinrad nous donne donc le choix entre la peste et le choléra. A nouveau il pose un regard très critique sur les hommes et leurs sociétés sans pour autant délivrer un message de bonne conduite. Décidément ce type est un sacré auteur. La prochaine fois je vous parlerai de Starfish de Peter Watts.
Boris
PS : Pour plus d'infos sur Norman Spinrad, lisez cette interview du maître réalisée par Gaël Bocandé pour L'Obs-Rue 89
lundi 17 août 2015
Les lectures de Boris : Il est parmi nous
Ecrit par Norman Spinrad
Publié en octobre 2010 chez J'ai lu (n° 9380)
ISBN 978-2-290-02126-2
J'adore le nom de ce gars, Spinrad, je trouve que ça en jette. Plus que son style en tout cas. J'ai un mal de chien à accrocher à son écriture, et ce de bouquin en bouquin. Ce qui est tout de même malheureux n'ayant pas non plus envie de me priver de ses excellentes idées ! Commençons par régler le problème du style: les personnages sont très stéréotypés. Mais alors très. Quand en plus ils ont un langage qui leur est propre, ça devient ridicule. Je ne saurais dire si le problème vient du traducteur ou du texte d'origine, surement un petit mélange des deux. Quoiqu'il en soit le personnage de Loxy est insupportable. Enfin bref, avec des personnages stéréotypés on ne s'attend pas à des surprises, et il n'y en a pas. Ce qui est effectivement intéressant ce sont les argumentations des différents partis.
Et venons-y. Schématiquement Spinrad articule un débat entre pro-bios et pro-technos. Voies naturelles contre voies scientifiques. L'ensemble se passe de nos jours, avec un agent provocateur qui viendrait du futur. Et le Norman, là, il avait très envie de discuter. Page 500 on n'est toujours pas plus avancé dans l'histoire, comme assez souvent avec lui en fait. Et puis, lentement, les personnages, même pénibles, prennent un fond inattendu et intéressant (probablement intéressant car inespéré). Mais ça je vous laisse découvrir. Je ne peux par contre pas passer sous silence la très bonne et très drôle idée de créer un personnage auteur de science-fiction qui nous livre un quotidien criant de vérité, dont même les abus sont joyeusement crédibles. Quelle est la part de fantasme ou de vérité, perso je m'en fiche, j'ai bien rigolé.
Ensuite, et c'est bien la marque Spinradienne, les débats sont à couteaux tirés, très bien argumentés, sans parti pris pour l'un ou l'autre des protagonistes (Il s'est tout de même éclaté avec son héros et ça se sent !). Ça a parfois, malgré tout, des relents de plaidoyer pour un monde meilleur, quelque part entre le patchouli et l'internet libre, mais ça reste bien fichu, intéressant et enrichissant. Pour ce qui est de la SF pure on repassera. Le paradoxe temporel est présent du début à la fin sans que ça ne dérange qui que se soit, ni l'auteur ni les personnages. Curieusement Spinrad semble se rapprocher de cette SF profane, béotienne, qui revendique de ne pas utiliser d'éléments futuristes impossibles (voyage supra-luminique, téléportation, etc.). Même si là il utilise le voyage dans le temps, il le situe au début de l'ouvrage, histoire de démarrer son sujet, et on n'en parle plus. Fin de la partie science de la fiction. On se situe entre l'uchronie et le mundane (cf. Bifrost). C'est à savoir: vous n'êtes pas parti pour une saga inter-univers mais pour une réflexion poussée sur l'avenir de la planète ! Le prochain est un autre Spinrad: Oussama. Voulez-vous en savoir plus ?
Boris
dimanche 9 août 2015
Les lectures de Boris : La machine à différences
Ecrit par Bruce Sterling & William Gibson
Réédité en 2010 dans la collection Ailleurs et demain (Robert Laffont)
ISBN 0-553-07028-2
Ça m'apprendra à m'avancer ! Je vous avais annoncé la lecture de ce livre, je dois donc vous en parler. À regrets, soyons francs. En écrivant sur Mona Lisa s'éclate j'avais soupiré vis-à-vis du steampunk, considérant que c'est un style avant tout graphique, esthétisant. Et bien là, concernant La machine à différences, Sterling et Gibson plongent dans le genre jusqu'au cou et nous entraînent dans leur noyade ! La machine à différences est une uchronie (puisqu'il y a beaucoup de références à un passé qui est réel) qui se situe après les « Grandes émeutes ». Pas très clair cette histoire « Grandes émeutes », elles servent de référence dans une temporalité difficilement compréhensible. Elles semblent être la raison de l'évolution de la société décrite dans l'ouvrage.Mais jamais la paire d'auteurs ne nous expliquera le pourquoi de ces émeutes. En bref, lecteur, c'est à cause d'elles, tiens-toi le pour dit : Un peu léger !
Les personnages ne sont pas inintéressants, mais il y en a peu. Curieusement Gibson a beaucoup plus de personnages quand il écrit seul qu'à deux. Je ne mets pas en doute leur bonne volonté, mais ça commence quand même à sentir le prétexte pour se retrouver entre vieux copains-je rappelle que Sterling (cf. photo ci-dessous) avait publié les premières nouvelles de Gibson dans les années 80. Les personnages sont presque tous chercheurs, ou au moins intellectuels, travaillant dans un système scientifique relevant de l’anthropomorphisme. Ils se livrent aux joutes verbales de leur époque avec des arguments de leur époque. Les dites-argumentations ne sont pas intéressantes, mal écrites, les arguments sont pauvres et tristes et les conclusions emplies de bonne moralité. C'est très lourd. Les auteurs, puisqu'ils ont choisi le steampunk, tentent tout de même le coup des ordinateurs mécaniques qui fonctionnent avec des cartes perforées, l’occasion d’un trafic de cartes dont aussi bien l'intrigue que le dénouement m'ont échappé... Le livre se divise en six parties aux titres plus ou moins mystiques. Même si l'on retrouve des personnages d'une partie à l'autre, le lien m'est apparu plutôt fumeux.
Bon, vous avez compris : Je n'ai pas aimé, mais alors pas du tout. Je me suis forcé à aller jusqu'au moment où je comprendrai le titre. Autrement dit j'ai fini le livre sans atteindre mon objectif. Ça m'a tout de même permis d'entrevoir une tentative de rapprochement d'une théorie scientifique moderne que je n'ai malheureusement pas réussi à identifier... Ailleurs et Demain est une collection dirigée par Gérard Klein, qui nous a donné beaucoup de bonnes choses pendant de nombreuses années. Néanmoins, force est d'admettre que cela fait quelques bouquins où je ne m'y retrouve plus (idem avec Jean-Pierre Andrevon). Afin que nous ne nous quittions pas sur du négatif, deux très bons points dans cet ouvrage. Tout d’abord, les descriptions de Londres, avec fog, smog et étripailleurs de toutes sortes, sont délicieuses quoiqu'un peu courtes. On en mangerait volontiers plus (et puis ça éviterait d'essayer de suivre l'intrigue). Ensuite, il faut tirer un grand coup de chapeau à Bernard Sigaud, le traducteur, qui nous livre un français d'époque très agréable, aux expressions ressorties des tombes et à l'imagination toute consacrée à l'adaptation du texte. Vraiment très chouette. Je ne sais pas ce que sera ma prochaine lecture, je n'ai pas ma pile de bouquins sous le bras, mais le cas échéant je trouverai une traduction de Bernard Sigaud, je n'aurai pas tout perdu.
Boris
dimanche 2 août 2015
Les lectures de Boris : Mona Lisa s'éclate
Ecrit par William Gibson
Première édition française en 1990 chez J'ai lu (n°2735)
ISBN 2-277-22735-8
Vous aimez le cyber-punk ? En voici le pape, pas moins. Succès international avec son premier roman Nécromancien (Avec il a gagné le Nébula, le Hugo et le Memorial Philip K. Dick), Mona Lisa s'éclate est son troisième, qui finit également la trilogie dite Sprawl Trilogy (vautrée, affalée...). Gibson aime beaucoup les trilogies puisqu'il enchaina The Bridge Trilogy, que je n'ai pas réussi à finir... Néanmoins, les histoires étant indépendantes les unes des autres on peut attaquer par n'importe lequel (sauf par Nécromancien). Le résumé de Mona Lisa s’éclate ? Des industries extrêmement riches, des pauvres extrêmement débrouillards, un super cerveau bioélectronique pour lequel les riches vont avoir besoin de pauvres, et hop, c'est parti !
Dans Mona Lisa s'éclate Gibson pousse le côté punk jusque dans la narration. Il y a pléthore de personnages, d'ambiances, de rythmes en fonction des situations, un déferlement de marques industrielles futuristes, un argot tout aussi futuriste, et des personnages tellement imbriqués qu'une personnalité multiple est même envisageable. Honnêtement, ça ne facilite pas la compréhension, mais l'effort d'imagination que nécessite la dite-compréhension est pour le moins intense et donc enrichissant, c'est déjà un bon point. Et si comme moi vous aimez imaginer la suite de l'histoire au fur et à mesure que vous la lisez vous risquez de perdre un peu pied. En somme, Mona Lisa s'éclate est plus punk-cyber que cyber-punk. Malgré tout, les éléments se mettent petit à petit en place et l'histoire prend tout son sens en même temps qu’elle prend forme.
Il faut reconnaître à Gibson un sacré talent descriptif. En peu de lignes il réussit à poser un décor criant de vérité-sur lequel on arrête assez vite de coller le noir obscur et le rouge velours du steam-punk que l'on pourrait subodorer au début. Sa description d'un individu branché de partout sur un lit médicalisé qui pénètre un semblant de décharge vaut vraiment le détour. Ce n'est pas compliqué: j'y étais. La galerie de personnages est intéressante, à croire qu'il existe un univers physique par protagoniste. Enfin bon, bref, ce n'est pas facile à lire. C'est très imaginatif. C'est rémunérateur si on le travaille jusqu'au bout. C'est très cyber-punk. C'est un sacré bordel et c'est sacrément plaisant. Mon prochain Gibson sera La machine à différences, coécrit avec Bruce Sterling qui lui a mis le pied à l'étrier en publiant ses premières nouvelles.
Boris