mercredi 1 août 2018
Visionnages - La playlist de l'été 2018 - Episode 5 : Profession : Reporter (1975) de Michelangelo Antonioni (Carlotta Films)
Profession : reporter marque la troisième et dernière collaboration entre Michelangelo Antonioni et Carlo Ponti, le producteur de La Strada de Federico Fellini, Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda ou encore de Représailles et Le Pont de Cassandra de George Pan Cosmatos. Après le succès de Blow-Up, les deux complices essuient un échec cuisant avec Zabriskie Point, le plus états-unien des films du cinéaste italien. Si ce deuxième film s’avère moins représentatif de son style, sans pour autant délaisser ses thématiques et obsessions, Profession : reporter lui permet de renouer avec un rythme plus lent et contemplatif qui sert une intrigue située entre le drame intimiste et le suspense policier.
David Locke effectue des repérages en Afrique, dans la région du Sahara, pour les besoins d’un documentaire. Il y fait la connaissance de David Robertson, trafiquant d’armes qui occupe le même hôtel que lui. Après une journée durant laquelle ses recherches s’avèrent vaines, Locke trouve Robertson mort dans sa chambre. Il décide d’échanger leurs identités et, se laissant alors passer pour mort, de laisser derrière lui son épouse et son travail de reporter. Désertant la vacuité de son existence passée, il part vers l’inconnu.
Pour Michelangelo Antonioni, la recherche de liberté de son personnage correspond à une fuite en avant, thème déjà présent dans Zabriskie Point. L’échappée de David Locke (Jack Nicholson) devient alors une quête de sens, de la vérité. Le cinéaste italien signe une œuvre mélancolique, véritable réflexion métaphysique sur l’existence, qui se révèle aussi être un de ses meilleurs films, Profession : reporter bénéficiant d’une mise en scène virtuose. Célèbre pour ses plans séquences, le film intrigue, devient hypnotique. Comme à son habitude, Michelangelo Antonioni sait tirer partie de ses décors pour créer une atmosphère étrange, presque surréelle. Entre son personnage qui change d’identité et la jeune femme incarnée par Maria Schneider, qui n’a pas de nom, l’intrigue semble sortir tout droit d’une nouvelle de Jorge Luis Borges.
Carlotta films propose de (re)découvrir ce chef d’œuvre dans une nouvelle copie agrémentée de bonus passionnants. En plus de mini-documentaires sur Antonioni parlant de son fameux plan-séquence, Carlotta films offre un de ses premiers courts métrages, Mensonges d’amour, dont la thématique sur les apparences et l’illusion du spectacle ne semble pas si éloignée de celle de Profession : reporter. Le livre présente de nombreux textes analytiques sur le film ainsi qu’une revue de presse d’époque, mais aussi des photos de tournage et des documents signés par Antonioni lui-même. Profession : reporter est disponible en coffret ultra collector (#10) (1BR+2DVD+livre) et édition simple (1BR ou 2DVD) chez Carlotta Films.
Thomas Roland
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