Ce blog est celui de l'émission radiophonique Culture Prohibée. Produite et animée par les équipes des Films de la Gorgone et de Radio Graf'Hit, elle vous invite, chaque semaine, à découvrir divers aspects de la contre-culture à travers des émissions thématiques (le mouvement beatnik, le polar, la presse cinéma, le rock alternatif, le giallo, etc.) et des rencontres passion-nantes (interviews de Dario Argento, Bertrand Tavernier, Philippe Nahon, Costa-Gavras, etc.). Culture Prohibée est une émission hebdomadaire d'une heure diffusée le mardi à 17H sur les ondes de Radio Graf'Hit (rediffusions le samedi à 10H et le dimanche à 23H). L'émission est également diffusée sur d'autres antennes : Radio Active 100 FM à Toulon, Radio Ballade à Espéraza, Booster FM à Toulouse, C'rock Radio à Vienne, Radio Valois Multien à Crépy en Valois , Résonance à Bourges et Radio Panik à Bruxelles.
Ce blog constitue un complément à l'émission en vous proposant des interviews inédites, des prolongements aux sujets traités à l'antenne ainsi qu'un retour détaillé sur les sorties DVD et bouquins que nous abordons "radiophoniquement". Autre particularités du blog, vous fournir le sommaire détaillée ainsi que la playlist de chaque émission. Pour plus d'infos, vous pouvez vous connecter sur le FB de l'émission en cliquant ici. Vous pouvez écouter et télécharger l'émission sur le site des Films De La Gorgone.
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mercredi 5 juillet 2017
Nowave la plateforme VOD Mad in France a besoin de nous : Rencontre avec sa fondatrice Bérangère Dastarac
Nowave est une plateforme pas comme les autres. Basée à Toulouse, elle ne diffuse que des films autres, bien loin de l’univers des blockbusters. Sa programmation propose du court, du long, du fantastique, de l’érotisme, du cinéma d’auteur à la marge… enfin bref, Nowave est très Culture Prohibée. Nous avons rencontré sa fondatrice, Bérangère Dastarac (cf. photo ci-dessous issue du compte Twitter Les Reizoteuses), qui revient sur cette jeune société et le pourquoi comment d’une campagne de financement participatif qui termine dans douze jours (pour participer, cliquez ici).
Bonjour Bérangère, pouvez-vous nous présenter Nowave ?
Nowave, c'est la plateforme française qui diffuse des films indépendants en ligne contre un abonnement. Nous défendons le cinéma dans sa diversité et soutenons les producteurs indépendants. Nous avons décidé de nous battre contre l'uniformisation des plateformes de streaming venues des US en proposant une vision du cinéma à la française et un revenu équitable aux producteurs indépendants. Nous voulons que le cinéma soit diversifié, que tous les films puissent être vus et que les petits producteurs continuent à faire des films.
Pour l’histoire: j’étais productrice de films au Caire en Egypte et, pendant la révolution de 2011, nous avons produit un long métrage de fiction tourné pendant les événements, en partie sur la Place Tahrir. Nous avons été sélectionnés à la Mostra de Venise en 2012 avec ce film. Le film a ensuite fait un grand parcours en festivals. Cela m'a fait prendre conscience du nombre important de films sélectionnés dans les grands festivals que l’on ne retrouve ensuite jamais en salle, alors que ce sont pour la plupart de très beaux films. Suite à cela je suis rentrée en France en 2013 avec la volonté de proposer un espace de visibilité pour ces films, mais aussi les cinémas de contre-culture de manière plus vaste. C’est comme cela qu’est née l’idée de Nowave.
Nous avons lancé Nowave en janvier en France et au Royaume-Uni en février 2017, nous avons environ 300 abonnés. L’objectif est d’ouvrir la plateforme sur 6 nouveaux territoires en fin 2017 (Moyen-Orient et Afrique du nord francophone et anglophone), de proposer des soirées évènementielles autour de films dans les grandes villes de France afin de travailler en profondeur sur le renouvellement des publics sur ce type de cinéma. Nous sommes en négociation pour nous associer à une plateforme américaine qui a une ligne éditoriale similaire à la nôtre afin d’atteindre le continent nord-américain
Qu’est ce qui singularise cette plateforme des autres ?
Notre contenu est sélectionné par des festivals, des personnalités ou notre équipe, ce sont des gens et pas des algorithmes. On essaie de présenter un cinéma au narratif fort avec une vision plus singulière. Nous visons à mettre en lumière des petites productions au même titre que des films plus connus. Nous voulons pouvoir offrir un espace aux auteurs indépendants pour pérenniser la création dans le cinéma et soutenir la diversité. Nous visons un public de niche.
N’avez-vous pas peur de concurrents hégémoniques comme Netflix ? Comment vous positionnez vous par rapport à eux ?
Netflix est évidemment la plus grosse plateforme mondiale, avec beaucoup de contenu mainstream et ses propres productions avec une ligne éditoriale très grand public. Nous proposons un cinéma pointu et nous nous adressons à une niche en recherche de contre-culture. Je pense que nous touchons un public de passionnés, que donc nous avons tout à fait notre place à côté et non en concurrence directe des plateformes comme Netflix
Actuellement se déroule une campagne de crowdfunding via KissKiss BankBank, quel en est le but ?
Le but de la campagne est de récolter des fonds pour pouvoir mieux rétribuer les auteurs et payer des droits sur des films que nous aimerions vraiment acquérir, car les droits des films sont chers. Aussi, nous voulons développer des fonctionnalisés pour que notre site soit davantage axé sur le partage de contenu et les soutiens aux auteurs, donc nous voulons permettre aux abonnés de partager un film avec une personne de leur choix pendant 24h et de leur proposer d’être davantage au centre des sélections bimensuelles que nous proposons.
Nous sommes dans la dernière ligne droite et l’objectif est atteint de moitié, que diriez-vous à nos lectrices et lecteurs pour les persuader de participer ?
Il faut bien comprendre que ce que nous vivons actuellement tend vers l’uniformisation des films et de la création cinématographique. Les petits producteurs sont étranglés par les circuits de diffusion. Il est nécessaire qu’une plateforme comme Nowave existe pour que l’autre cinéma ne meure pas et que les producteurs puissent continuer à fabriquer un cinéma hors circuit. Soutenez Nowave maintenant pour soutenir la diffusion d’un cinéma exigeant et créatif en offre légale, parce que le show business ne doit pas être qu’un business et que la culture cinématographique au sens large doit être préservée!
Qui dit monnaie dit, forcément, achat de droits pour les films ; vu que Nowave est une jeune structure indépendante pas forcément très riche, comment se passent les négociations ? De quels arguments dispose-t-on lorsque l’on est plus des cinéphiles passionnés que des distributeurs à gros cigare ?
C’est très compliqué, on paye certain films, on arrive à convaincre d’autres ayant-droits de “tenter” l’expérience(!) et on propose un retour sur recette 50/50. Pour les films inédits et les court métrages c’est plus facile car, si on deale avec les producteurs en direct, ils ont vraiment envie d’être diffusés. Pour les films plus connus, c’est plus dur. Les distributeurs disent oui en général mais c’est très rare qu’un contrat se concrétise ensuite. Tout le monde attend de voir et préfère garder les films dans un tiroir plutôt que de nous les donner en diffusion contre un partage de recette. Cela parait ridicule mais c'est vrai, ils bloquent les films alors qu’ils sont pour la plupart en téléchargement illégal sur internet.
Nowave veut s’étendre à d’autres contrées, ou en êtes-vous ? D’autant plus que, pour rebondir sur la précédente question, cela signifie acheter des droits pour d’autres territoires…
Nous sommes en France et en Angleterre, nous travaillons sur un partenariat avec une plateforme américaine pour proposer un joint-venture aux USA et au Canada ainsi qu'au Moyen Orient et en Afrique du Nord fin 2017. Il faudra donc négocier tous les droits pour ces territoires-là, c’est pour cela que la collaboration avec la plateforme américaine est intéressante. Sur la région MENA (Moyen Orient & Afrique du Nord), les droits des films que nous présentons sont en général disponibles car ce sont des régions qui proposent en majorité des blockbusters américains ou des films locaux. Ce sera donc moins difficile de négocier les droits auprès des vendeurs internationaux.
Le nom de Nowave a t’il été choisi en référence au mouvement newyorkais qui a vu émerger des cinéastes bien barrés comme Nick Zedd et Richard Kern ?
Oui tout à fait, Bravo! Peu de gens connaissent ce mouvement. En hommage au cinéma de transgression, nous proposons d’ailleurs Pig Death Machine, qui est un des derniers films de ce mouvement, dans notre curation freaks.
Les thématiques choisies, qui vont de Gaspar Noé au Pinku Eïga en passant par Oshii et Lugosi, s’aventurent dans des contrées peu visitées. Elles entrent, bien évidemment, en résonnance avec les choix éditoriaux de notre émission Culture Prohibée. Aussi, comment s’opèrent ces choix et avez-vous quelques révélations à nous faire concernant la programmation des prochains mois ?
C’est tout à fait le cinéma que nous avons envie de présenter, celui de la contreculture, celui qui met en scène d’autres narratifs, celui qui propose un point vue différent sur un sujet. Nous faisons nos sélections au fil de l’eau, en fonction des films que nous pouvons obtenir et aussi des partenariats que nous faisons. Nous allons proposer une sélection spéciale Festival d’Annecy cette semaine avec quelques courts d’animation faits par des tous jeunes talents, puis nous honorerons aussi le Festival du film de fesse dans le courant du mois de juillet.
Interview réalisée par mail le 5 juillet 2017 par Hanzo
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