dimanche 24 juillet 2016

Les lectures de Boris : Les goulags mous / La brigade des télépathes


Ecrit par Jacques Mondoloni
Publié en 1984 au Fleuve Noir puis réédité en 1998 chez Florent Massot et en 2008 chez Mélis
ISBN (F.M.) 2-908382-74-1

Le petit père (du peuple) Mondolini est un Français. Grand prix de la science-fiction en 83 pour Papa 1er, il écrit de tout, polar, littérature jeunesse, SF, roman noir... Fin de la quatrième de couverture. Mais là, ce qui nous amène, c'est de la SF. Ou plutôt une uchronie. Encore que, ce n'est que le premier tome de la série des Goulags mous. En gros: le communisme règne sur la planète, à part en Amérique. Le système est basé sur une surveillance effectuée par une brigade de télépathes. Et forcément ça ne se passe pas vraiment idéalement. Le schéma global de la narration est très classique, avec la chute d'un individu puis sa rédemption. Si vous avez lu du Jodorowsky, vous connaissez, il nous fait le coup chaque fois. La particularité étant dans le parcours du personnage principal, ce qu’il subit. Je n'en dis pas plus, mais le traitement de l'histoire est bien vu.


Le livre est une critique intéressante des totalitarismes. C'est le communisme qui sert de cadre, mais qu’y-a-t-il de plus proche d'une dictature de gauche qu'une dictature de droite ? D'autant plus qu'un des slogans de propagande récurent cité dans l’ouvrage dit "et comme Carthage l'Amérique sera détruite", phrase adaptée de Jean-Hérold Paquis, collabo pendant 39-45, chroniqueur à Radio-Paris et facho abouti. On peut toutefois regretter que Mondoloni ne développe pas plus la situation américaine, qui ressemble à une belle anarchie joyeusement rétrograde. Toutefois, c’est plutôt cohérent vu le récit, en effet, dans une dictature il n'y a pas de raison de faire de la pub pour l'ennemi. On pourrait faire un parallèle avec l’instrumentalisation, encore aujourd’hui, de la Légende du Démon Blanc (Div-e Sepid en Persan) du Mazandaran en Iran. Le texte est bien fichu à cet égard, on voit bien les articulations des divers instruments servant à manipuler un peuple.


L'autre aspect que j'ai beaucoup aimé est la télépathie. Qui tombe comme une plaie. Je ne sais pas si Mondoloni a fait exprès, mais c'est à nouveau un joli coup. En effet, comment conserver de l'intimité si quelqu'un est capable d'attraper au vol vos pensées ? Finalement, cet espionnage télépathique n'est qu'une forme évoluée du KGB, une capacité exceptionnelle utilisée à mauvais escient. Sans parler des ennuis causés aux télépathes ! Mondoloni souligne ici moult problèmes liés au fait d’avoir un trop grand pouvoir. Surtout lorsque, sous couvert de moralité, de lutte contre le crime, contre la délinquance, la télépathie se transforme en outil de lutte contre les pensées déviantes. L’engrenage des emmerdes à la pelle devient infini. Il y a fort à parier que si des télépathes existaient, ils constitueraient un véritable fantasme pour tout dictateur qui se respecte !


Le seul regret que j'ai à émettre est que le roman ne soit pas plus long. En étoffant ses personnages et en émaillant son histoire de quelques anecdotes, à la manière d'un Hamilton, Mondoloni aurait pu mettre plus de liant à moindre frais (oui, je sais, c'est facile... Je n'ai qu'à écrire un livre, quoi !) et rendre son univers plus riche, donc plus intéressant. Le cadre global est un peu trop manichéen et les personnages manquent un peu de profondeur. Mais j'ai lu le livre avec beaucoup d'intérêt ! Je l'ai même relu pour vous, car il m'avait laissé un sentiment d'inachevé il y a quelques années, et c'était bien mieux que dans mes souvenirs.
Enfin bref, moi je pars en vacances, en attendant trouvez un truc à lire… et lisez-le!
Boris

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