Origine : Croatie
Année : 2007
Un film réalisé par Kristijan Milic
Avec Filip Sovagovic, Velibor Topic, Slaven Knezovic, Marinko Prga, Borko Peric, Miro Barnjak, Bozidar Oreskovic, Enes Vejzovic…
Edité en DVD Zone 2 dans notre bel hexagone par Opening (2011)
Réalisé en 2007 par Kristijan Milic, War Land est le premier long d'un metteur en scène dont les courts-métrages on fait un tabac en festival, à l'image de Sigurna kuca (petit polar de 30mns-2002). War Land, bien que multi-récompensé (une quinzaine de prix ammassée dans le monde entier), demeure inédit dans l'hexagone, l'affront est désormais réparé par le travail éditorial d'Opening.
War Land décrit le parcours de deux groupes de militaires pris dans les tourments de la guerre lors de deux conflis différents :
-La seconde guerre mondiale, en 1943, durant laquelle un bataillon croate défend une position stratégique.
-La guerre de Bosnie, en 1993, durant laquelle une troupe de soldats tente de survivre dans une ex-Yougoslavie en proie à un conflit civil.
A la limite du fantastique, cette pelloche, à travers un protagoniste qui traverse les deux époques, délivre un message certes simpliste sur l'absurdité de la guerre mais tellement juste. L'illustration de cette thématique est d'ailleurs fort habile, en particulier lors de l'évocation du sort fait aux juifs comme aux musulmans en 1943 et en 1993. Ce film évite aussi l'écueil d'un nationalisme exacerbé (à l'inverse du travail, au hasard, du bosniaque Emir Kusturica-lire à ce sujet l'excellent édito de Thomas Roland pour Le coin de l'oeil).
Aucun triomphalisme n'est mis en avant, ces soldats sont appeurés, sans cesse en repli, et surtout, leur mort a rarement lieu au combat. Un trouffion est tué durant sa "grosse commission", un autre pendant qu'il joue de l'accordéon, la faucheuse ne frappe jamais là ou on l'attend. Il arrive même que, terrorisés, les frères d'arme s'entretuent involontairement. Comme le disait si bien Jacques Prévert "Quelle connerie la guerre!".
Elégamment filmé par un Kristijan Milic adepte du plan large, War Land se conclut dans une atmosphère "Lovecraftienne" lors d'une scène plus émouvante qu'effrayante. Si cette bobine n'est pas un chef-d'oeuvre absolu, elle s'avère bien plus réussie que nombre de métrages du genre surenchérissant dans une représentation très graphique du combat (le syndrome post-Soldat Ryan). Ici les hommes sont hantés par la mort (d'où la logique implacable du final), perdus dans un "no man's land" insensé, ou même l'un des leurs peut s'avérer bourreau.
Parfois, loin du clinquant hollywoodien, un cinéaste avec peu de moyens réussit une oeuvre touchante, compensant l'absence de dollars par une écriture d'une grande justesse. C'est ce qu'accomplit, avec War Land, le talentueux Kristijan Milic, aujourd'hui retombé dans l'anonymat de la réalisation télévisuelle : quel gâchis!
Hanzo
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