Origine : GB & Allemagne
Année : 2010
Avec : David Warner, Carice Van Houten, Sean Bean, Tim McInnerny, Eddie Redmayne, Kimberley Nixon, John Lynch, Emu Elliott...
Edité en DVD par Seven 7
Chers amis, veuillez découvrir, ci-dessous, la version courte d’une analyse de Black Death tirée du blog Strange Vomit Dolls, pour lire la version complète(ainsi que tout plein d’autres z’articles) cliquez sur le lien présent là, à droite de cette critique, dans la rubrique mes blogs recommandés.
En l'an 1348, en Angleterre, un groupe de mercenaires a pour mission de retrouver un Nécromancien susceptible d'avoir propagé la peste bubonique dans la région. Paradoxalement, un village ne semble pas touché par cette maladie extrêmement contagieuse et mortelle. Avec l'aide d'un jeune moine du nom d’Edmund, le chevalier Ulric et ses acolytes partent à la recherche du village situé près d'un marais.
Dans la lignée de La Chair et le sang, pour son réalisme cru sans effet de style, et du Nom de la Rose, pour la richesse d'un scénario fortement axé sur les croyances chrétiennes et les superstitions, Black Death renoue avec le cinéma d'aventures rugueux, sans fioriture, mis en scène avec une rare intelligence. Dès le début, le ton mortifère est donné ! Nous sommes témoins d'une situation alarmante, véritable pandémie où des monceaux de cadavres desséchés puant la crasse et la mort déliquescente jonchent les sols de pierre crasseuse. Les terrains boueux mêlés de paille rêche avec leur diffuse et désagréable odeur de peste noire exacerbent l'humidité malsaine de l'air environnant. Nos valeureux héros vont traverser des sentiers moribonds dans cette atmosphère putride et étouffante, accentuée par une sombre photographie désaturée qui permet de mieux coller au caractère authentique du paysage moyenâgeux ainsi qu’à sa cruauté sans limite ! Une poignée de héros courageux et téméraires commandités par le chevalier Ulric vont livrer une croisade avec un jeune chrétien quelque peu troublé par cette période exsangue où tant d'innocents paient de leur vie à cause d'une maladie inexplicable. Les hommes, pécheurs dubitatifs et dépités, vont jusqu’à se demander si ce terrible fardeau n'est pas l'œuvre de Dieu lui même !
Illustrant un remarquable scénario bien structuré Christopher Smith nous dévoile, avec maitrise et virtuosité, un récit médiéval singulier de par son refus des artifices orthodoxes, ce qui relève d'un rare souci d'authenticité. Il nous livre la retranscription d'une époque barbare, en pleine dépression, où les croyances les plus niaises se mêlent avec celles des catholiques. Comme dans cette incroyable scène où une « sorcière » risque de brûler vive sur le bûcher par la faute d’une poignée d'ahuris (pour ne pas dire abrutis), c’est alors qu’Edmund, lucide, la sauvera de ses ravisseurs d'une manière totalement impromptue et cathartique ! Ce n'est que quelques minutes plus tard que l'on comprendra par quel ordre de conscience véritable Edmund a causé cette délivrance. Le metteur en scène dénonce ici, indubitablement, le folklore éhonté et grotesque lié à l’ambivalence des croyances catholiques. Le satanisme est également abordé, durant tout le récit Black Death traite des relations humaines et conflictuelles accomplies au nom de Dieu ou du Démon.
Christopher Smith retrace également, avec une belle dimension psychologique et une cruauté implacable (l'inquisition en pleine expansion avec ses instruments de torture singuliers !), le parcours de cette poignée d'hommes « exemplaires » partis à la recherche d'un bouc-émissaire. Des hommes emprisonnés en cage, noyés jusqu'au cou dans une mare hostile, profondément confortés(à une exception près !) dans leur foi et leur amour pour une cause idéalisée. Cette confrontation entre deux mondes opposés (le Bien et le Mal) se révèle alors un passionnant jeu de miroir.
L'interprétation au cordeau de comédiens aux vrais gueules d'acteurs burinés nous éprouve et émeut, leur voyage initiatique est sans détour. Sean Bean, dans le rôle du leader, impose une belle prestance autoritaire, courageux et rigide mais aussi angoissé et douteux. Le jeune Eddy Redmayne se révèle charismatique et poignant en jeune moine bien décidé à s'adapter à sa nouvelle entreprise virile. Un groupe affirmé et austère de guerriers sans peur ni pitié lui apprendront la dure réalité des faits. Sans doute le personnage le plus intéressant, et tout cela à cause d’une maudite idylle amoureuse envenimée par une sorcière malicieusement despotique. Ce qui aboutira à un final d'une totale noirceur et d'un triste nihilisme. Imprégné d'une ambiance sombre et poisseuse avec ses décors minimalistes rigoureux, Black Death est un diamant noir brut à ne rater sous aucun prétexte, un film pour les vrais amateurs de récit d'aventure âpre, sauvage et sans concessions.
Bruno Matéï
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