samedi 18 août 2018

Lectures - La playlist de l'été 2018 - Episode 7 : Jusqu'à l'impensable de Michael Connelly (Le Livre de Poche-Calmann Levy Noir)


Alors que Sur un mauvais adieu, la dernière enquête d'Harry Bosch, vient de paraître chez Calmann Levy Noir, la précédente aventure du personnage fétiche de Michael Connelly, Jusqu'à l'impensable, est, depuis peu, disponible en petit format (Editions Le Livre de Poche). Dans Jusqu'à l'impensable Harry Bosch, enquêteur retraité du LAPD, devient un « Jane Fonda », expression servant à désigner un ex-flic devenu enquêteur pour la défense aux Homicides. Et c’est là l’idée de génie de Michael Connelly pour cette 21ème apparition d’Harry Bosch, faire de son inflexible limier un détective au service des criminels. Dans Jusqu'à l'impensable, Bosch devient enquêteur pour son demi-frère, Mickey Haller, l’avocat à la Lincoln, celui que les lecteurs adorent détester. Da’Quan Foster, ex-membre de gang devenu artiste, est accusé du viol et du meurtre sauvage de la femme d’un sheriff. Tout semble le désigner, jusqu’au sperme retrouvé sur et dans la victime, mais l’ADN, Bosch s’en fout. Les experts, c’est pas sa came, il laisse ça à ceux qui ne savent pas investiguer. Sa bible est, depuis toujours, le livre du crime, classeur dans lequel est détaillé l’affaire. Bosch va devoir reconstituer un puzzle morbide. Il croisera un étrange chirurgien esthétique, des pornstars au rabais, des flics ripoux, des prostitués… Enfin bref, Bosch va devoir se vautrer dans la fange.


Ce retour aux sources est salvateur pour Harry qui, s’il porte le patronyme d’un peintre célèbre (Hieronimus Bosch), est avant tout un enquêteur « hard boiled ». Ce personnage complexe, pro-peine de mort, torturé, orphelin devenu soldat au Vietnam puis flic de haut-vol, incarne, non seulement, l’histoire récente de son pays mais aussi sa ville. Son goût pour le jazz, son du ghetto devenu musique élitiste, est une belle métaphore de son ambivalence. Vivant en haut des collines de L.A. dans une magnifique bicoque achetée grâce à la vente de son histoire personnelle au cinéma, Bosch ne peut s’empêcher, à travers son métier, de retourner à ses origines, les bas-fonds, les égouts de Los Angeles. Solitaire, obstiné, seule la justice compte pour lui, quitte à enfreindre les règles. Quand on connaît l’amour qu’a Connelly pour le 7ème art, difficile de ne pas penser au mythique Dirty Harry.


Et c’est ce Bosch « hardcore » que le lecteur retrouve avec bonheur dans Jusqu’à l’impensable. Un ouvrage dans lequel le prolifique Connelly renouvelle son personnage fétiche, après deux derniers opus peu inspirés, en mélangeant habilement roman noir et livre de procès. Un Bosch confronté à un véritable dilemme lorsqu’il s’agit de défendre un assassin, d’ailleurs il n’accepte que parce qu’il à l’intime conviction que Da’Quan Foster est innocent. Un Bosch qui doit mener son enquête la plus difficile car il n’a plus de badge. Un Bosch confronté à ses démons, son attirance pour l’alcool et ses relations compliquées avec les femmes, y compris sa fille. Un Bosch que le lecteur prend plaisir à suivre à chaque étape de son travail grâce à une écriture très prenante, et ce même si Connelly livre rapidement les clés de l’intrigue. Non, décidément, Bosch ne peut passer sa retraite à rafistoler une vieille Harley, tant qu’il lui restera un souffle de vie il sera un « outsider à plein temps » !

Hanzo

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