mercredi 17 août 2016
Le bon son de l’Amiral : Colors
Lorsque sort sur les écrans le film Colors de Dennis Hopper, en 1988, le hip hop aux USA est un mouvement en plein essor. La communauté noire en est la première actrice, elle sera ensuite rejointe par les latinos. Ce film raconte l'histoire de deux flics très différents (incarnés pas Sean Penn et Robert Duvall) au beau milieu d'une guerre des gangs californienne meurtrière qui oppose les blacks aux chicanos. La bande son de ce long métrage est essentiellement composée de morceaux de rap, des titres qui ont marqué l'histoire du mouvement hip hop.
La bande originale s'ouvre par le morceau Colors, interprété par Ice T (Tracy Marrow), aujourd'hui acteur à la filmographie bien chargée, qui a tourné dans des films a gros budgets (Johnny Mnemonic) comme dans des productions fauchées sympathiques (Leprechaun 5) ou des séries télévisées (New-York Unité Spéciale). Le refrain, à la ligne de basse digitale typique des morceaux « west coast », et les couplets délivrés par Ice T sont très calmes et contribuent à créer une ambiance bien pesante. Pas étonnant que ce titre ai fait décoller la carrière d'Ice T. Il est très réussi, parfait pour ouvrir cette bande originale.
Six Gun (44 Mag Mix) de la Decadent Dub Team est un morceau très « breakdance », chargé en petits échos assez fins. Puis le trio féminin Salt 'n Pepa pose ses textes sur un sample de batterie avec un flow puissant. Simple et efficace, le morceau Let The Rythm Run nous porte toujours plus loin dans cette ambiance getthoïsante en nous narrant le quotidien d’un quartier chaud. Le titre suivant, Raw, de Big Daddy Kane, est un morceau très bien construit, à l'instrumentale claire et qui comporte une série de scratchs dont tous les amateurs de rap sont friands. Raw est un classique du genre, tout comme l'est le titre suivant Paid In Full (Cold Cut Remix) d'Erik B & Rakim. Une chanson de sept minutes qui mêle rap, instrumental de qualité, chant envoûtant (Ofra, qu'on oublie souvent, a vu sa carrière décoller après ce remix, surtout en Allemagne où son morceau Im Nin Alu a atteint directement la première place du hit parade), samples efficaces et scratchs excellents.
Kool G Rap enchaîne avec Butcher Shop, un rap qui ne fait pas dans l'ego trip, juste une vision du ghetto, de son ghetto, typiquement américain. Puis il laisse sa place a The A73 qui interprète Mad Mad World, un morceau aux textes réalistes, voir pessimistes, dont la vie dans la rue est encore le thème. Roxanne Shanté vient ensuite poser ses textes conscients dans Go On Girl. Les scratchs et samples (archi connus mais tellement bons-dont le « oh yeah » de James Brown) ainsi que le texte invitant les femmes à s'imposer dans ce milieu masculin font de ce morceau, encore aujourd'hui, un incontournable. Le morceau suivant, A Mind Is A Terrible Thin To Waste de Mc Shan, est lui aussi incontournable : Instrumental jazzy, scratchs simples mais néanmoins efficaces, phrasé juste et pointu. C'est Rick James, l'un des artistes les plus populaires du label soul mythique Motown dans les années 80, qui conclut ce disque par Everywere I Go. Le « King of Punk Funk » nous livre, comme à son habitude, un rap funky, parfait pour conclure un album emblématique de la fin des eighties. Cette bande originale est tout simplement indispensable, c’est un condensé du meilleur de ce que produisait, à l’époque, le grand jazzman Herbie Hancock : A acquérir absolument pour tout amateur de rap.
Admiral Lee
Colors, Film étasunien de Dennis Hopper (1988), 120 minutes, avec Robert Duvall & Sean Penn. Disponible en DVD zone 2 chez MGM. BO sortie en CD en 1988 chez Warner Bros puis réédité en 1994.
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