dimanche 12 mai 2013

Au cinéma cette semaine : Mamá d'Andrés Muschietti

Mamá, réalisé par Andrés Muschietti ; avec Jessica Chastain, Nikolaj Coster-Waldau, Megan Charpentier , Isabelle Nelisse, Daniel Kash…
En preview à l'émission du 14 mai, qui vous proposera l'interview du metteur en scène et de la productrice de Mamá , voici un petit avis subjectif sur ce film que nous vous incitons à aller voir en salles...



Mamá démarre sur les chapeaux de roue, un trader ruiné qui vient d'abattre ses associés kidnappe ses deux petites filles, Victoria, 3 ans, et Lilly, 1 an. Il les emmène dans une cabane isolée pour les tuer, c'est là qu'il est happé par une force mystérieuse. Lucas, le frère jumeau du père indigne (Nikolaj Coster-Waldau, aussi appelé celui qui couche avec sa sœur dans Game of thrones) , embauche deux détectives singuliers pour retrouver les gamines. C'est chose faite au bout de cinq ans, Victoria et Lilly ont régressé à l'état sauvage et vivent toujours dans leur bicoque forestière. Lucas et sa ravissante bassiste punk de fiancée, Annabel (Jessica Chastain brune et tatouée), décident d'élever les deux petits monstres. Oui mais voilà, Victoria et Lilly ne sont pas venues les mains vides, et une présence impalpable semble les accompagner...



Andrés Muschietti inscrit immédiatement le film dans son époque avec ce personnage de boursicoteur victime de la crise. Débutant comme un thriller Mamá dévie rapidement vers le film de fantôme. Mais attention, pas un film de revenant classique, non, Muschietti signe une œuvre envoutante, poétique, émouvante et formellement très maîtrisée. Dès la première apparition de Mamá , montrée à travers les yeux d'une enfant myope, le spectateur comprend qu'il a affaire à un réalisateur exigeant. Impression confirmée par un générique bluffant qui met en scène, sous forme de dessins d'enfant, ceux de Victoria et Lilly, les cinq ans de survie dans la cabane. Toute la péloche est de cette acabit, enchaînant les morceaux de bravoure, telle cette scène en « vrai-faux » split-screen qui voit Lilly jouer avec Mamá hors-champs pendant qu'Annabel croit qu'elle est avec sa sœur. Quand Victoria surgit, elle est aux côtés d'Annabel d’où l’inquiétude de cette dernière qui comprend alors que quelque chose ne tourne pas rond. Et que dire de cette démentielle séquence de cauchemar en vue subjective qui raconte la genèse de Mamá .



A cette maîtrise formelle, Muschietti ajoute un scénario globalement intéressant qui évite nombre de clichés, même si la scène durant laquelle Lucas se fait attaquer par Mamá à l’hôpital est à oublier, un moment gênant qui évoque le Ghost in the machine de Rachel Talalay (1993). Le film laisse juste ce qu'il faut de place au sentimentalisme pour mieux se focaliser sur la mise en place progressive d'une véritable ambiance flippante. Le spectateur bascule avec Annabel dans la terreur au fur et à mesure que des évènements atypiques se déroulent, comme par exemple lorsque Lilly, qui dort sous son lit, se réveille les pieds terreux. Les personnages sont passionnants et complexes, à l'image de Lucas qui tente vainement de comprendre ce qui a motivé son frère, comme un miroir tendu à Victoria qui aimerait tant arriver à communiquer avec Lilly. Quant à Annabel, qui ne souhaite pas devenir mère, elle est l’antithèse de Mamá , fantôme attachant d'une femme que l'on n'a pas laissé être mère. Toutes ces qualités font de Mamá l'un des meilleurs films fantastiques de cette année 2013... Qui a dit le meilleur ? L'année n'est pas terminée...
Jérôme Pottier

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