mercredi 30 mai 2012
La mort à Breslau : une Série Noire de Marek Krajewski
Quatrième roman de Marek Krajewski à paraître dans la Série noire, La mort à Breslau semble marquer le troisième et ultime retour du conseiller criminel Eberhard Mock. Apparu dans Les fantômes de Breslau, cet officier de la brigade des moeurs, parfait anti-héros corrompu et manipulateur, évolue dans la quatrième ville de Pologne, le Breslau d’entre les deux guerres. Amateur de bonne chair, Eberhard Mock est un habitué des bordels où il aime prendre du bon temps entre deux parties d’échecs.
Cette quatrième enquête commence par la découverte de trois corps éviscérés dans le train Berlin-Breslau, des scorpions vivants dans les entrailles. L’affaire s’avère d’autant plus importante que la fille du Baron von der Malten, aristocrate influent, se trouve parmi les victimes. Cette fois, Eberhard Mock est accompagné d’un assistant, Herbert Anwaldt, de la police de Berlin. Tous les deux, ils vont devoir dénouer les noeuds d’une vengeance qui remonte à la nuit des temps.
Professeur de latin à l’université de Wroclaw en Pologne, Marek Krajewski n’étonnera personne par l’érudition historique avec laquelle il tisse ses intrigues. Outre de proposer des retours vers le passé le plus antique pour expliquer les crimes les plus horribles, il esquisse un portrait saisissant de la ville de Breslau, alors en pleine période d’ascension du parti nazi. Sous la plume de l’universitaire, la reconstitution est rigoureuse et l’ambiance de l’époque est parfaitement rendue entre la bière et les plats de poissons qui se dégustent en terrasse de troquets typiques, entre les soirées déguisées dans les bordels et les salles miteuses d’interrogatoire de la Gestapo. Dans les rues de Breslau, se croisent policiers, agents de la Gestapo, prostituées et autres malfrats traînant dans quelques affreux bouges. Dans un style très littéraire, l’auteur met bien en évidence les relations entre ces différentes corporations, les coups bas et les tromperies, les concessions et autres petits arrangements. Dans cette atmosphère où personne ne peut faire confiance à personne, il s’agit pour Eberhard Mock de survivre sans faire trop de vagues, mais en suivant sa propre éthique.
À la fois polar très noir et oeuvre historique, La mort à Breslau ne fait aucun compromis et, avec ses personnages qui forment une belle brochette de salauds, donne une vision de l’humanité peu reluisante.
Thomas Roland
La mort à Breslau de Marek Krajewski, Gallimard, Collection Série Noire, 241 pages, 19€50.
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